« Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès »
Second séjour de l’année en Tanzanie pour moi. Je rejoins cette fois-ci l’équipe de l’association Un Mo D’où Tanzanie à Dar es Salaam pour travailler sur notre projet commun : la construction de notre 2nde classe à Sokoine. Cela fait un an que nous travaillons ensemble sur ce projet et que Un Mo D’où lève les fonds nécessaires pour réaliser cette construction. J’ai tellement hâte de les rencontrer !
Après un voyage assez laborieux pour Un Mo D’où et moi-même (problèmes de vols), nous nous retrouvons dimanche 29 Juillet à Dar es Salaam, heureux d’être enfin sur la terre Tanzanienne.
Lundi 30 Juillet : Une fois le petit déjeuner pris, nous sommes prêts pour faire notre voyage jusqu’à Sokoine. Nous nous rendons à la gare routière de Dar es Salaam accompagnés de Edward et de Saitoti pour prendre un bus. Le voyage sera long mais nous passons notre temps à regarder les paysages, les habitants et à dormir… Petite halte à Chalinze pour manger rapidement, frites et viande feront bien l’affaire.
Nous redémarrons, la fin du voyage arrive. Le bus nous arrête à l’entrée du village, juste devant le local où les enfants travaillaient avant que l’on ait notre première classe. L’équipe Un Mo D’où réalise combien cet emplacement était petit…
Des amis Massaïs nous attendent pour transporter nos 19 valises sur leurs motos jusqu’à l’école.
Zeliha, Shakir, Aylin, Lilian, Inès, Etienne, Cécile, François et moi-même partons à pieds et empruntons le chemin de l’école. Nous passons devant le lac où tous les villageois viennent se baigner, où les vaches viennent boire… De nombreux allers-retours se feront de l’école jusqu’au lac pour prendre de l’eau pour faire le ciment… Sur le trajet, je retrouve des amis et leur dis bonjour, quel plaisir de se retrouver. Nous marchons encore quelques mètres et j’aperçois au loin mon Nelson et Abi, sa cousine. Ils accourent jusqu’à nous et me sautent dans les bras. Je ne peux pas m’empêcher de verser une larme… Les enfants disent bonjour à toute l’équipe et Nasra, maman de Nelson et cuisinière de MtotoSchool, vient également à notre rencontre.
Nous sommes tous émus de voir notre seconde classe sortie de terre. Elle est comme prévu. Les artisans nous ont attendus pour continuer la construction. Cétait l’accord entre Un Mo D’où et MtotoSchool. Un mo d’où lève des fonds pour financer différents projets dans le monde et souhaite également participer aux constructions.
Nous disons bonjour à tous les enfants de l’école et du village qui nous attendaient avec impatience. Un bel accueil pour une équipe en or ! Les enfants reçoivent des ballons gonflables, certains se trouvent déjà dans les bras des grands, tellement besoin d’affection, d’autres jouent au foot, les filles chantent et dansent avec nous. Nous terminons notre soirée autour d’une table dans la nouvelle cuisine MtotoSchool. La cuisine et le coin repas ont pu être construits avec l’aide du Rotary Club de Martigues et deux écoles, Saint Michel de Mallemort et Jeanne d’Arc de Lambesc et nous les en remercions vivement. Nasra nous a préparé un bon petit plat. Des Massaïs viennent nous voir, la sympathie de notre équipe les attire et nous passons une bonne soirée à faire connaissance et à plaisanter.
Mardi 31 Juillet : De bon matin les travaux commencent pour toute l’équipe, nous faisons une chaîne humaine pour déplacer les briques aux quatre coins de la classe pour gagner du temps et faciliter le travail des artisans. Des vaches et des chèvres viennent paître sur le terrain de l’école, les jeunes bergers nous regardent travailler. Les enfants sont prêts à entrer en classe avec Ericy, chantant leur hymne MtotoSchool. Des amis Massaïs sont présents, ils sont curieux de rencontrer ces nouveaux mzungu qui sont là pour aider leurs enfants et nous prêtent main forte ! Nous travaillons au rythme de musiques Tanzaniennes, super ambiance ! L’équipe se relaie pour aller chercher de l’eau au lac pour préparer le ciment. Les artisans apprécient notre coopération. Leur travail est facilité. Pendant ce temps Nasra prépare le porridge pour les enfants, il en faut une certaine quantité pour tous. Aujourd’hui ils auront du pain en plus du porridge. Nous sommes conscients que le porridge n’est pas suffisant, nous travaillons sur ce sujet pour qu’ils aient un repas digne de ce nom… Les enfants sortent de classe, excités à l’idée de venir dire bonjour à tout le monde ! Des affinités se tissent, certains ont déjà jeté leur dévolu sur telle ou telle personne et sautent à leur cou… Ils se dirigent ensuite vers la cuisine, se lavent les mains, s’assoient et attendent la distribution de pain et porridge. Ils apprécient énormément cet endroit. Nasra aussi se sent bien ici, nous avons beaucoup plus de vaisselle maintenant et nous avons de quoi entreposer la nourriture. Nous envisageons de faire des étagères pour bien organiser ce coin cuisine. Une fois leur repas terminé, les enfants se lavent les mains et courent sur le terrain de l’école. Certains vont demander un ballon à Ericy pour jouer au foot, bien sûr ! D’autres jouent dans le sable près de la construction et jettent un oeil sur ce que nous faisons. Les enfants sont heureux ici, ça saute aux yeux ! Leur comportement a changé depuis un an, ils sont épanouis. Cela fait plaisir à voir… Les enfants les plus réticents viennent désormais vers moi, ils commencent à s’habituer à ma présence. Certains commencent à se faire remarquer… Matunda pour son espièglerie, Nelson pour son grand sourire, Iqram pour son besoin de câlins, Abi pour sa sensibilité… chaque enfant a ses qualités que nous apprécions tous. Des garçons veulent participer au ciment, ils prennent une pelle et hop au boulot ! Toute l’équipe écoute les instructions des artisans, en particulier celles de Mbuta, très bon artisan et très rapide dans son travail. Nous utilisons du ciment pour reboucher les trous entre les briques. Le travail se fait très vite à nous tous. Nous formons une belle équipe !
Mercredi 1 août : Le travail sur le chantier se poursuit. De mon côté je m’organise pour faire plaisir à mes petitous. Aujourd’hui j’ai prévu de leur préparer de la graine de couscous et des pop corn. J’espère qu’ils vont aimer. Les enfants sortent de classe et viennent à la cuisine. Nasra et moi leur servons leur repas… ils se régalent ! Que c’est bon de voir leurs yeux remplis de satisfaction. Quand je vois ces petites bouilles avec de la nourriture au coin de la bouche et les yeux rieurs ! Il n’y a rien de mieux pour nous satisfaire, telle est notre récompense.
Une journée bien remplie se termine. Après avoir pris notre douche, nous allons manger. A la fin du repas, Edward et Emma nous proposent d’aller dans la forêt avoisinante pour assister à la célébration d’un mariage. Nous sommes ravis ! Un de leurs amis vient donc nous chercher en voiture et nous partons en pleine nuit vers la forêt. La voiture nous arrête et nous devons continuer le chemin à pied munis de nos lampes. Après quelques mètres nous commençons à entendre des chants Massaïs, frissons ! Nous arrivons sur place, difficile de distinguer les visages, il y a juste une lampe torche accrochée dans l’arbre surplombant la célébration. Les Massaïs ont formé un cercle. Les femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Les femmes chantent avec leurs voix aigües et les hommes de leur voix graves, caverneuses, puis sautent au milieu du cercle. Nous sommes un peu sur notre réserve, personne ne veut déranger cette célébration. Les Massaïs nous invitent à entrer dans leur ronde. Il n’y a que des jeunes personnes, les mariés sont absents. Les jeunes-filles Massaïs veulent faire connaissance et nous demandent nos prénoms. Elles sont intriguées de voir des peaux blanches, des cheveux longs… Elles sont parées de magnifiques bijoux qui tintent au moindre mouvement. Les hommes de l’équipe Un Mo D’où participent à la danse. C’est une très belle soirée qui nous transporte hors du temps… La célébration se termine, quelques Massaïs viennent nous remercier pour notre présence et nous les remercions en retour. Nous retournons à notre voiture, ravis de cette soirée.
Jeudi 2 août : Aujourd’hui nous devons aller à Morogoro pour acheter des matériaux pour la toiture mais avant de partir l’équipe UMD tient à distribuer des chamallows aux petits à la fin de leur repas. Les enfants adorent ça ! Nous partons pour Morogoro, certains vont faire des achats personnels, Zeliha, Etienne, Emma et moi-même allons acheter la tôle et le bois nécessaires pour préparer la toiture de la classe. Le moindre déplacement que nous faisons en véhicule pour aller d’un magasin à un autre pour acheter les matériaux nous prends un temps fou… Nous rentrons en fin d’après-midi au village.
Vendredi 3 août : Aujourd’hui je suis seule, l’équipe UN MO D’où profite de cette journée où les artisans n’ont pas besoin de notre aide pour aller faire un safari d’une journée. Repos bien mérité ! Les artisans font les consolidations avant de poser la toiture. De mon côté je nettoie les murs intérieurs de la 1ère classe. Des petites mains cracras se sont posées dessus et certains petitous n’ont pas compris qu’il fallait écrire sur le cahier et non sur le mur ! Haha ! Abi et Kimeni, me voyant au travail, viennent m’aider, ils sont très efficaces. Le lendemain, Ericy montre aux enfants que les murs sont propres et leur explique que 2 élèves ont participé au nettoyage… interdit désormais de salir les murs !
Je vais ensuite aider Nasra à laver la vaisselle. Une petite fille, âgée de 8 ans environ, du nom de Deborah, s’approche de moi et me fait un grand sourire. Elle me contemple, je crois que je lui plais ! Elle prend mon éponge et se met à laver la vaisselle ! Incroyable… je suis vraiment dans un autre monde… Le comportement des enfants est si différent ici, ils sont si responsables…
Je profite de cette journée repos pour offrir quelques cadeaux à mon Nelson, son frère, cousine et cousin. Ils découvrent les clipo – jeu de construction. Je n’aurai jamais cru qu’ils seraient si emballés par ce jeu, ils passent tout l’après-midi à construire des avions, voitures…
Samedi 4 août : Nous emmenons toute l’équipe au marché Massaï. Découverte des tissus Massaïs, couteaux, perles, sucre de canne, calebasses. Nous allons ensuite manger sous une petite cabane végétale. Nous commandons une pièce de boeuf pour nous tous, ugali, quelques légumes. Un repas bien sympathique. Mais le travail nous attend à Sokoine, nous ne pouvons pas rester très longtemps.
Nous retournons à l’école. Les enfants sont à la cuisine, en train de jouer ensemble. Ce lieu est devenu leur point de rencontre après l’école.
Dimanche 5 août : Pendant que tout le monde continue les travaux de la classe, François et moi décidons de nettoyer un peu le terrain. Il y a des bouteilles en plastique et surtout des briques cassées et les enfants risquent de se faire mal, ils courent bien souvent pieds nus… D’ailleurs, nous avons soigné des blessures aux pieds. Epines, coupures… Les enfants sont très résistants à la douleur malgré les infections dûes aux blessures. Certains n’ont pas de chaussures, quel tristesse… Encore un projet auquel nous devons penser…
Une fois le terrain déblayé, les travaux terminés pour la journée, tout le monde a envie de se détendre et une partie de football commence. Certains garçons sont vraiment disposés au foot. Le petit Matunda fait rire tout le monde. Il est tout petit mais personne n’arrive à lui prendre le ballon ! Quelle rigolade avec ce petit bandit !
Lundi 6 août : Gros travaux en vue, il faut cimenter les façades. Les artisans nous montrent comment nous devons nous y prendre. Chacun prend ses outils, ses gants et nous nous répartissons aux 4 coins de la classe pour avancer le travail le plus vite possible.
Une fois le travail bien avancé, l’équipe se divise en deux. La première reste sur le chantier et la seconde va préparer une grosse surprise pour les élèves, parrainés et non parrainés. Chaque enfant va recevoir un sac à son nom, garni de fournitures scolaires, une couverture polaire, une tenue vestimentaire, un pyjama, culotte, chaussettes, un jouet… Je les aide à trier les vêtements par taille. Une fois le travail terminé, nous rangeons les sacs et vêtements au fonds de la classe pour les distribuer un autre jour.
Mardi 7 août : Je prends les enfants non parrainés en photo, il est nécessaire de leur trouver un parrainage quand je serai de retour en France.
D’autres enfants jouent avec la charrette que nous avons louée pour aller chercher l’eau au lac. Les allers-retours étaient tellement fatigants… UN MO D’où distribue des bonbons aux enfants. Les rires des enfants résonnent dans l’école.
Mercredi 8 août : Les artisans commencent à poser la toiture.
Aujourd’hui UN MO D’où organise une grande fête pour les enfants. Ils découvrent une classe inhabituelle. Différents ateliers les attendent, comme la pâte à modeler, le coloriage de boules de noël, la confection de bracelets brésiliens, l’apprentissage de l’origami… Des friandises leurs sont offertes ainsi qu’une bouteille de jus de fruit pour chacun. Les enfants sont intrigués par toutes ces activités. Nous voyons qu’ils n’ont jamais dessiné ou colorié, ils ne savent pas vraiment comment utiliser les crayons de couleur. Un coloriage géant a été disposé par terre et plusieurs enfants s’y attèlent. C’est une grande découverte pour eux. Edward met l’ambiance en mettant de la musique. Une fois les ateliers terminés, Emma demande aux enfants de nous faire une démonstration de leurs danses et chants. Quel plaisir de les entendre chanter ! Ils nous invitent à danser comme eux, bel échange… C’est la fête à l’école ! Je me mets en retrait, à l’entrée de la classe. Je n’arrive pas à croire à tout ce que font ces personnes pour nos petitous. Voir cette classe remplie de joie me bouleverse, je sors de la classe pour m’isoler et pleurer, trop d’émotions pour moi…
UN MO D’où fait beaucoup pour nos enfants. En début d’après-midi nous leur offrons à notre tour un beau cadeau, un Massaï show. Nous assistons au sacrifice de la chèvre, François goûte au sang. Bienvenue au club des Massaïs mzungu ! Haha ! Nous goûtons à la viande. Un groupe de Massaï se regroupe dans la cour de notre école et commence à chanter. Le show commence. Nous les rejoignons, formons un cercle et admirons leurs prouesses. Je suis toujours subjuguée par leur voix graves…UN MO D’où participe à la danse.
Le show se termine, nous remercions les Massaïs pour cette belle prestation. Tout le monde est ravi.
Jeudi 9 août : Repas de fête pour les enfants. Tout au long de l’année, MtotoSchool récolte des petites pièces jaunes pour pouvoir offrir de temps en temps un repas complet aux élèves. Je me suis donc rendue en Tanzanie avec une belle petite somme et j’ai pu acheter de quoi leur faire un bon repas (riz, légumes, viande et bananes). Je tiens à remercier les personnes qui nous aident à récolter ces petites pièces. Vous pouvez voir sur les photos oh combien les enfants sont heureux de recevoir un repas digne de ce nom.
Après le repas, UN MO D’où souhaite distribuer les sacs cadeaux aux enfants.
Nous faisons donc entrer les enfants deux par deux dans la classe. Ils sont intimidés, se demandent ce qu’il se passe. Inès et Zeliha essaient de trouver un vêtement à leur taille. Aylin les accueille avec son plus beau sourire, entourée d’une multitude de sacs. Les enfants s’agenouillent face à elle pour pouvoir voir ce qu’il se trouve dans leur sac. Il y a des enfants qui ont le visage inexpressif, ils n’ont jamais eu autant de cadeaux, d’autres ont le visage radieux ! Avant de repartir avec leur sac, ils se dirigent vers Shakir qui leur fait choisir un petit jouet, un et pas trente six Matunda ! Haha ! C’est Noël avant l’heure à Sokoine… Une fois que la distribution des sacs est faite pour tous les élèves, nous avons encore beaucoup de vêtements à distribuer. Des enfants du villages et des mamans attendent devant la classe. Nous les faisons entrer chacuns leur tour. Tout le monde est ravi de repartir avec un vêtement neuf. Edward entre dans la classe, il est médusé par ce qu’il voit. Tant de vêtements ! Nous nous regardons et nous avons la même pensée… Nous sommes bouleversés. C’est invraisemblable ce qu’il se passe dans notre classe. Il y a 3 ans, jamais nous n’aurions pensé avoir un tel soutien pour rendre les enfants si heureux. J’en ai pleuré de joie, le bonheur des enfants et des villageois était évident.
C’est la fin de la journée, Edward et Emma mettent de la musique à l’extérieur. Les enfants du village viennent nous voir, la plupart vêtus de leurs habits neufs. Nous les invitons à danser. Les enfants sont heureux de partager ce moment avec nous et c’est réciproque.
Nous terminons notre soirée dans un petit restaurant à Dakawa, à 10 minutes de Sokoine, dans une ambiance musicale. Chacun de nous est ravi.
Vendredi 10 août : Dernier jour pour UMD à Sokoine…
UMD offre un ballon à chaque élève. J’ai téléchargé des dessins animés en swahili et nous utilisons la télé de Edward dans la classe pour les diffuser. Les élèves et aussi les enfants du village découvrent les contes de fées et autres histoires. Pour la majorité d’entre eux c’est la première fois qu’ils regardent la télé. Je ne sais pas qui est le plus heureux de cette découverte, les enfants ou moi ??…
En fin de matinée, UMD souhaite laisser son empreinte à Sokoine… Nous utilisons un tissu blanc et chacun de nous y dépose sa main avec de la peinture. Ce tissu sera affiché dans la classe, très beau souvenir de notre séjour commun…
Il est l’heure de partir pour UMD. Difficile d’exprimer quoi que ce soit, tout le monde a la gorge nouée. Petits et grands pleurent, Abi est inconsolable… C’est très dur. Shakir, fait un discours pour nous remercier « cette école est pour vos enfants et vos enfants sont votre futur ». Certaines femmes Massaï pleurent. Emma remercie UMD au nom de MtotoSchool, je suis incapable de m’exprimer… Nous nous disons au revoir le coeur serré. Merci UMD pour ce que vous avez fait pour nos petits. Nous avons passé de très bons moments ensemble. Votre départ va laisser un grand vide à Sokoine, c’est certain.
Samedi 11 août : Nouvelle journée à Sokoine. L’ambiance est différente désormais… Je pars en dala dala avec Ericy pour rejoindre Emma au marché Massaï. Nous devons acheter quelques chèvres de la part de parrains et marraines. Dans le dala dala, un Massaï que je ne connais pas me demande ce que je fais en Tanzanie. Je lui parle du projet de MtotoSchool. Il a entendu parler de notre école et me dit que les familles vivant à proximité de Sokoine apprécient cette initiative. Il me dit qu’il serait bon d’avoir un bus pour permettre aux enfants vivant loin de l’école de pouvoir venir chez MtotoSchool. Oui c’est une bonne idée, bien sûr… Nous verrons dans les années à venir ! Nous arrivons au marché, les Massaïs arrivent tôt pour vendre leur bétail. Nous retrouvons Emma. Il cherche les meilleurs chèvres possible. Les chèvres sont embarquées dans une camionnette, nous les retrouverons plus tard à Sokoine. Nous allons manger sur le marché. J’en profite pour acheter des chaussures à la petite Abigaëlle de la part d’une personne d’UN MO D’où. Abi n’a plus aucune chaussure et s’est blessé un pied… Nous retournons à Sokoine. Abi est très contente d’avoir des chaussures neuves ! Je passe ensuite mon après-midi à ranger les fournitures scolaires, le para-médical et activités sportives qu’a apporté UMD. En fin d’après-midi nous partons à pied dans le village pour apporter les chèvres à deux filleuls. Nelson et Kimeni sont devant nous, tenant 2 chèvres par une corde. Tout à coup nous les entendons rire. Ils ont laissé s’échapper les chèvres et nous devons courir après. C’est la première fois que je gronde Nelson. Nous ne devons pas perdre les chèvres ! Difficile de les attraper, il nous faut une bonne demi heure pour y réussir avec l’aide d’un homme qui nous croise… J’embrasse mon chouchou, il est pardonné, haha !
Dimanche 12 aout : J’entends de la musique non loin de l’école. Cette musique vient d’une maison en terre et il y a du monde à l’intérieur. C’est une petite église faite en terre, comme les maisons des Massaïs et les villageois s’y retrouvent pour chanter, danser, prier. J’y retrouve des enfants de l’école qui sont assis sur les bancs en tant que spectateurs ou par exemple Furaha qui danse avec les adultes. Une super ambiance !
Lorsque je ressors de l’église je croise Iqram qui est avec un copain. Il me dit « zawadi » (cadeau). Je le suis. Nous allons jusqu’au baobab qui surplombe notre école. Ils grimpent tous les deux dans l’arbre, car ils veulent m’offrir un de ses fruits. C’est tellement haut, j’ai peur et je culpabilise de les laisser monter pour me faire ce cadeau… Ils réussissent à faire tomber un fruit, redescendent et je vois la fierté de Iqram de m’offrir ce fruit. Ils vont tous les deux casser le fruit contre un tronc d’arbre. A l’intérieur, des petits cubes blancs que l’on fait fondre dans la bouche, c’est un peu sucré-acide. C’est leur friandise. Je suis très touchée par ce cadeau qui n’a pas été facile à attraper.
Plus tard, occupée dans la maison de Nelson, j’entends des pleurs de petite fille, me semble-t-il, à l’extérieur. Je sors pour voir ce qu’il se passe, une jeune fille qui n’a pas plus de 16-17 ans pleure dans les bras de la mama. Nasra m’explique que c’est une jeune fille de la famille et qu’elle a été mariée il y a quelques mois. C’est la première fois depuis son mariage qu’elle rend visite à sa famille… Si jeune…elle avait l’air si désemparée dans les bras de la mama… En fin d’après-midi, Nelson, Mesiah, Abi, Kimeni et moi allons dans le bureau pour regarder des dessins animés. Les enfants adorent ça. J’ai aussi ajouté quelques photos que nous avons faites avec les membres de UMD. Abi a envie de pleurer et Nelson réclame Lilian…
Lundi 13 août : Je vais acheter des fruits et légumes à Dakawa pour cuisiner pour mes 4 petitous. Nasra m’a fait la remarque que Nelson s’est enrobé depuis ces 2 dernières semaines car il mange bien. Cela me fait plaisir mais en même temps je me sens triste car je sais que lorsque je suis absente la famille n’a pas les moyens d’acheter autant de nourriture pour les enfants.
Les petits sont dans leur chambre en train de faire des coloriages offerts par UMD.
Une fois leur petit plat préparé, je les appelle. Ils ne se font pas attendre. Ils mangent des parts si importantes. A la fin du repas, ils crient « Sandrine, thank you ! ». Des enfants heureux pour un simple repas, un monde si différent…
Mercredi 15 août : Je fais des pops corn, il en reste encore un peu. Activités tatouages éphémères avec les enfants, ils adorent. Ensuite, je mange en compagnie de Ericy, des enfants du village jouent non loin de nous et jettent un oeil discret sur notre assiette. Il m’est impossible de manger. Je ne termine pas mon assiette et je la donne aux enfants qui se la partagent.
Tous les après-midi, les filleuls qui sont en primaire dans une autre école de Sokoine, rejoignent Ericy pour manger et ensuite apprendre l’anglais. Je vais donc leur dire bonjour dans la classe. Je vois Rose, Nashumu et Temani en pleurs. Je demande à Ericy ce qu’il se passe. Il me dit qu’elles viennent de voir le tableau où j’ai dessiné un avion pour signifier que mon départ approche. J’essaie de les consoler sans pleurer aussi… Je leur montre les photos que nous avons fait ensemble pour les distraire, ça marche. Nous allons faire des tatous éphémères. Les filles sont contentes.
Jeudi 16 août : C’est mon dernier jour à Sokoine. Je passe la matinée avec les enfants et Ericy dans la classe. Je les aide à travailler. Ericy corrige leurs travaux et moi je les prends en photo encore et encore… Les enfants deviennent turbulents. Ericy commence à hausser le ton et tape le sol avec sa baguette en bois. Il me fait rire ! Je lui propose de lui montrer la méthode de Jacqueline pour les apaiser. Vous vous souvenez de cette video ? Jacqueline faisait des mouvements avec ses bras et les enfants l’imitaient. J’en fais de même, les enfants se calment instantanément… et… j’entends des enfants murmurer « Jacqueline… ». Eh oui Jacqueline ils s’en souviennent ! Ericy est impressionné par cette méthode !
Je raconte ensuite l’histoire de Pépeur le petit lapin à 3 pattes, écrit par Marie-Christine Boulagnan et illustré par Myriam Deport, que traduit Ericy aux enfants. Au début de l’histoire ils étaient assis chacun à leur table, à la fin ils étaient agglutinés dans mon dos pour voir les images !
14:00 : c’est l’heure de mon départ de Sokoine. Mon Nelson pleure dans mes bras, Abi, en larmes, ne me lâche pas la main, Kimeni retient ses larmes, nous sommes tous tristes. Ces dernières semaines ont été si intenses avec UMD et les enfants s’attachent tellement vite. Je n’arrive pas à les consoler. Je monte sur la moto pour rejoindre un bus sur la route de Sokoine. Je me retourne et leur envoie des millions de baisers. Mon Dieu que c’est dur…
nb : Si vous avez lu ce récit vous pouvez constater que mon séjour à Sokoine avec l’équipe UN MO D’où Tanzanie s’est très bien passé. Je tiens à exprimer toute ma gratitude envers cette équipe dynamique, sympathique, humble. Zeliha, Shakir, Lilian, Aylin, Etienne, Inès, François et Cécile ont passé une année à lever les fonds nécessaires pour financer la construction de notre 2nde classe mais pas seulement !… Ce qu’a fait cette équipe à Sokoine pour les enfants est géant. Ils leur ont réservé de belles surprises et leur ont donné beaucoup d’affection ! D’ailleurs la séparation a été difficile autant pour les enfants que pour les adultes… Les villageois et les enfants se souviendront très longtemps de ce séjour. Je remercie également UN MO D’où pour sa confiance. Zeliha, présidente de UN MO D’où, m’a contactée il y a un an en me signifiant que MtotoSchool était « l’association test » car généralement UN MO D’où travaille avec des associations connues et ayant quelques années d’ancienneté. Tout a été mis en oeuvre pour que notre projet commun aboutisse. Je remercie également notre équipe de Sokoine, Emma, Edward et Ericy pour leur travail auprès des enfants et leur dévouement.
Je remercie également les donateurs et établissements qui nous ont soutenus toute cette année (Rotary Club de Martigues, les écoles Saint Michel de Mallemort et Jeanne d’Arc de Lambesc, le collège Saint Louis Sainte Marie de Gignac, la Fraternité Salonaise, l’OMS de Salon de Provence, le Festival International Espoirs, Elon Benattar et ses chanteurs, la mairie de Salon de Provence, parrains et marraines). Sans vous tous MtotoSchool serait dans l’incapacité d’aider les enfants de Sokoine…