« On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l'autre pour se révéler »
Fevrier 2019 : L’heure est arrivée pour un nouveau voyage humanitaire avec une nouvelle équipe de l’association UN MO D’où, qui finance la construction d’une petite maison pour loger 2 enseignants. Nos valises sont à nouveau remplies de divers dons, vêtements pour les enfants, nourriture, jouets, livres, matériel sportif, etc… Le séjour sera court, une dizaine de jours, et nous avons un beau projet à réaliser sur place.
Lundi 4 Février : Nous arrivons, Jacqueline, ma maman et moi-même à l’aéroport de Dar es Salaam à 2 heures du matin. Jacqueline et Dédée (ma maman) prennent un premier taxi pour aller à l’hôtel. De mon côté, j’attends l’équipe UMD (Pauline, Louise, Clémence, Mathieu et Antoine) qui doit arriver à 4 heures du matin. C’est la première fois que nous allons nous rencontrer, mis à part quelques rendez-vous par video. La dynamique équipe sort de l’aéroport et nous rejoignons l’hôtel, nous nous couchons à 6 heures pour nous lever à 8 heures…
Nous faisons plus ample connaissance pendant le petit déjeuner et Jérémia, le frère de Emma et Edward nous rejoint dans la salle de restauration, il sera notre guide pour le trajet de Dar es Salaam jusqu’à Sokoine.
Une fois le petit déjeuner terminé, nous ne traînons pas, nous déposons nos bagages dans la navette qui nous amènera jusqu’à la gare routière de Dar es Salaam, à ¼ d’heure de l’hôtel. Nous avons encore plusieurs heures de trajet. Une fois à la gare routière, Jeremia trouve un bus Shabiby Compagny qui nous fera la faveur de nous déposer juste devant le village de Sokoine.
Quelques heures de route, nous en avons plein les yeux, les piétons aux vêtements colorés, le paysage qui est toujours aussi époustouflant, aloe vera, montagne, nuages, terre ocre… Petite halte de 15 minutes pour manger un petit peu puis nous arrivons enfin à Sokoine. Nous déchargeons nos bagages du bus, un ami viendra les charger dans sa voiture et nous les amènera jusqu’à l’école.
Nous entrons dans le village, j’ai hâte de faire découvrir notre école et de présenter mes amis à tout le monde, tout particulièrement à ma maman qui rêvait tant de me suivre. Nous longeons le lac et arrivons à hauteur de l’école, des enfants accourent vers nous, il y a Abi, Kimeni, Furaha qui a la joie de rencontrer sa marraine Dédée et beaucoup d’autres enfants. Quel bonheur de les voir ! Ils ont tellement grandi en quelques mois !
Nous arrivons dans l’école, nous constatons avec UMD que les matériaux pour la construction du local des enseignants sont en place, prêts à être utilisés !
Je fais les présentations, les enseignants, les cuisinières et les enfants sont heureux de rencontrer ces nouvelles personnes. Des ballons sont offerts aux enfants et ceux-ci sont, bien évidemment, euphoriques. Certains d’entre nous passent un petit moment à jouer avec les enfants, d’autres font connaissance par le regard, des sourires… Beaucoup d’émotions pour ce premier jour.
Les cuisinières nous ont préparé un bon petit repas dans la cuisine de l’école, tout le monde apprécie ces nouvelles saveurs.
La nuit tombe, nous sommes fatigués du voyage. UMD, tout comme la précédente équipe, dormira dans la classe sur des matelas et sous des moustiquaires. Dédée, Jacqueline et moi-même serons logées dans ma famille d’accueil. Une expérience inoubliable pour elles, une vie à la campagne avec les animaux de ferme (chant du coq le matin dans le couloir de la maison ! Meuglement des vaches et bêlement des chèvres !). Dédée et Jacqueline dormiront dans une maison traditionnelle Massaï faite de terre, de bouse de vache et de branchages et moi dans une seconde maison, juste à côté, faite en brique.
Mardi 5 Février : 5:30, comme prévu nous sommes réveillées par le coq, les vaches et les chèvres (j’en connais une qui avait envie d’étrangler le coq au bout de quelques jours !). Les femmes Massaïs s’affairent déjà autour des vaches. Elles attachent celles-ci autour d’un arbre et font venir leur veau. Celui-ci commence à têter pour activer la lactation puis la femme Massaï prend le relais et traie la vache en recueillant le lait dans une calebasse. Une fois la calebasse remplie, la vache est libérée et le veau peut à nouveau têter.
En fin de matinée, les vaches et chèvres partent dans la forêt pour s’alimenter car l’herbe est rare dans le village à cause de la sécheresse. Les Massaïs mettent chevreaux et veaux dans leur enclos pour qu’ils ne suivent pas leurs mamans dans la forêt, c’est trop dangereux pour eux.
Nous sommes donc réveillées assez tôt. Les enfants entrent en classe entre 7:30 et 8:00, nous avons donc un peu de temps pour nous préparer. Nous avons à disposition un coin douche avec chaque jour un seau d’eau provenant de la rivière (il faut dire que l’eau n’est pas très claire). Une fois prêtes nous partons toutes les trois sur le chemin de l’école (à ¼ d’heure de marche). Vers 7:30, il fait déjà chaud, des femmes Massaïs nous saluent, elles vont au lac pour laver leur linge, des enfants nous rejoignent sur le chemin pour aller jusqu’à l’école, nous rencontrons de jeunes bergers et leurs chèvres sont sur notre passage, quel dépaysement ! Nous arrivons à l’école, l’équipe UMD est déjà sur le chantier, les enfants se ruent vers nous pour nous dire bonjour, ils ont tellement d’affection pour nous… Pendant que les enfants vont travailler en classe, nous commençons à ouvrir nos valises pour trier, par famille, les cadeaux que nous avons reçus de différents donateurs, des marraines… Il est environ 10:30, l’heure du petit déjeuner. Nous buvons du chai, mangeons de l’ananas, des bananes, des beignets (vitumbua, fait de noix de coco et riz mixés, délicieux). Nous avons prévu aujourd’hui de préparer le rideau de bouchons pour réaliser la porte virtuelle de l’aire de jeux. Nous nous installons sous le baobab pour y travailler car il fait très chaud. L’équipe UMD se joint à nous ainsi que les enfants. Nous tentons de leur expliquer le but de cette activité, certaines jeunes filles connaissent quelques mots anglais, l’idée leur plaît beaucoup ! Chacun fait connaissance, les enfants jouent avec nos cheveux et touchent notre peau. Certains rient, c’est étrange pour eux de tels cheveux. Nous sortons un ballon pour que les enfants jouent au foot, le sport favori des Massaïs ! Les filles restent avec nous, chantent et dansent ou jouent à la corde à sauter.
La fin de la journée arrive, c’est l’heure du repas, vers 21:00, nous avons au menu de l’ugali (polenta avec de la farine de maïs), des haricots, du maïs, de la viande, de l’ananas et de la pastèque.
A la fin du repas UMD va se coucher dans la classe, la mama nous attend pour retourner à la maison (nyumbani), il fait nuit et elle ne veut pas que nous rentrions seules. Il fait bon à cette heure-ci, le ciel est étoilé, nous nous sentons bien…
Mercredi 6 Février : Je suis la première à être prête. En attendant que Dédée et Jacqueline me rejoignent, je rejoins les hommes Massaïs dans l’enclos des vaches . Tous les matins, avant de laisser partir le troupeau dans la forêt, ils vérifient l’état de santé de chacune des vaches. Si l’une d’entre elles montre des signes de faiblesse, ils lui administrent une piqûre. Les vaches sont la seule richesse des Massaïs, ils ne peuvent pas se permettre de les perdre. Ce matin, un des bergers veut boire du sang. Nous sommes au milieu du troupeau et je regarde les Massaïs faire leur choix sur la vache qui donnera son sang. La vache doit être robuste et non maigre à la peau fripée comme certaines. Une fois la vache sélectionnée, ils sont 4 à la coucher à l’aide d’une corde nouée à une patte arrière. Un des Massaïs cherche la veine et plante une grosse aiguille. Le sang jaillit, la vache ne souffre pas. Le Massaï peut boire le sang directement ou utiliser un récipient. C’est une boisson dyamisante pour ce jeune Massaï et je sens son excitation quand il voit le sang jaillir. Il apprécie que je sois présente à ce moment précis et m’invite à prendre des photos. Je le remercie pour ce moment exceptionnel.
Dédée et Jacqueline me rejoignent, nous partons pour l’école. UMD est d’attaque de bon matin ! Briques, ciment, ils sont très motivés ! De notre côté, Jacqueline, Dédée et moi-même devont préparer la réalisation de l’aire de jeux. Nous avons acheté une balançoire et un tobogan et souhaitons créer un parcours de motricité. Nous devons donc acheter des planches, des clous et outils pour pouvoir travailler. En attendant la livraison de notre commande, je commence à décorer la 2nde classe qui a été construite en août 2018 par la 1ère équipe UMD. La classe prend une nouvelle allure et les enfants aiment ça. Nous leur avons apporté un atlas et leur montrons d’où nous venons et le parcours que nous faisons pour venir les voir. Les enfants comme les adultes sont surpris de voir que nous vivons si loin d’eux et combien le voyage est long.
Dédée utilise ses talents de couturière pour réparer les uniformes, recoudre les boutons. Elle en profite pour confectionner des jeux aux enfants avec des boutons et de la ficelle, ça les amuse beaucoup.
Les garçons, comme à l’accoutumée, jouent au ballon et les filles à la marelle et corde à sauter. Jacqueline leur donne des accessoires de sport offerts par des clubs de Salon.
Jeudi 7 Février : Nous avons reçu les planches nécessaires à la fabrication de notre parcours de motricité. Nous commençons donc à prendre les mesures et couper les planches. Nous demandons parfois de l’aide aux hommes qui sont sur place. Le bois est très sec et très dur, difficile d’enfoncer les clous ! Tout le monde travaille, même les femmes Massaïs qui, de leur côté, confectionnent des bijoux.
Il fait très chaud, c’est vraiment exceptionnel pour un mois de février. Nous nous installons sous le baobab pour prendre notre repas. Tout le monde est en admiration devant cet arbre gigantesque. Souvent j’essaie d’imaginer tout ce qui a pu se passer sous cet arbre depuis 400 ans…
Les enfants nous rejoignent, ils ont besoin d’être avec nous. Ils nous font des petites démonstrations à l’ombre du baobab, chants et ronde…
Il fait tellement chaud qu’un gros orage éclate. Nous courons tous pour nous abriter dans la cuisine. Cette fraîcheur fait du bien à tout le monde, nous respirons un peu. Des enfants utilisent des bouteilles vides pour récupérer l’eau de pluie qui coule de la gouttière qui a été installée récemment. A cet instant précis, on se rend compte combien l’eau est importante ici…
Vendredi 8 Février : Nous avons la surprise de voir, au lever du jour, deux taureaux se défier sous nos fenêtres. Ils sont énormes. C’est impressionnant de voir ce duel à quelques mètres de nous. Les petits bergers tentent de les séparer avec leur bâton.
Une fois à l’école nous distribuons avec UMD des vêtements que chacuns de nous avons récolté pour les enfants ainsi que des jeux d’éveil, des activités pour l’école et des fournitures scolaires. Les enfants sont heureux d’avoir de nouveaux habits.
UMD reprend le travail sur le chantier qui avance bien. De notre côté, nous allons rendre visite à quelques familles de filleuls(es) pour apporter les cadeaux que parrains et marraines nous ont donné. Une forte pluie s’abat sur Sokoine, nous sommes obligés de rester chez la petite Furaha en attendant que la pluie se calme. Ma maman offre des tas de cadeaux à Furaha, sa filleule, dont un sac de couchage. Ce sac a fait fureur ! Le grand frère de Furaha le pose sur un des lits et entre dedans la tête la première ! Je le vois se débattre car il ne trouve pas la sortie et ressort à reculons à toute vitesse ! Quelle rigolade ! Je lui montre donc comment l’utiliser.
Il pleut toujours mais nous devons encore aller visiter une famille. J’ai, par chance, un grand sac poubelle dans mon sac à dos. Nous le coupons et nous en servons pour nous abriter. Nous voilà en file indienne sous le sac poubelle, pieds nus dans la gadoue pour rendre visite à la famille de Witness et Timanoi ! Rien ne nous arrête ! Moment de bonheur simple et rires… Une fois les familles rencontrées, nous retournons à l’école, les vêtements humides et des tas de choses à raconter à nos amis. L’heure du repas est arrivée, nous sommes toujours gâtés par nos cuisinières, Nasra et Mama Losingo. Il est tard, nous devons retourner à la maison avec Mama. Nous prenons le chemin habituel mais nous réalisons que la pluie l’a inondé. Pas moyen de passer ailleurs ! Nous enlevons nos nu-pieds et marchons ou plutôt glissons dans la boue. Mais nous ne sommes pas au bout de notre surprise…nous devons traverser une grande mare alors qu’il fait nuit noire et ne voyons pas ce qu’il se trouve sous l’eau. Nous suivons la Mama qui tient à bout de bras une assiette d’os pour le chien de la famille. La Mama et Dédée glissent et évitent in extremis de tomber dans l’eau. Les os sont sains et saufs ! Quelle partie de rigolade !
Samedi 9 Février : Le samedi est la journée du marché Massaï. Nous proposons donc à l’équipe UMD d’aller tous ensemble visiter ce marché et faire des achats. Difficile de faire un choix parmi tous ces tissus Massaïs, nous trouvons également des perles, du miel, des fruits et légumes etc… Une fois la visite terminée nous prenons notre repas sous une paillotte. Une bonne pièce de bœuf avec des frites et quelques légumes. Nous regagnons le taxi mais avant de rentrer au village, nous faisons un arrêt pour montrer l’école primaire dont dépendent les élèves venant de MtotoSchool. A notre retour, les enfants nous attendent à l’école pour jouer.
Dimanche 10 Février : Aujourd’hui c’est repos. Nous nous levons un peu plus tard. J’entends les femmes Massaï parler entre elles. Je regarde les vaches et les chèvres qui passent devant ma fenêtre. Je pourrai les toucher s’il n’y avait pas de moustiquaire. La vie est tellement paisible ici, c’est mon paradis. Si seulement mon filleul, Nelson, était là, je serai comblée. Mais il est entré en primaire cette année et ses parents ont décidé de l’inscrire dans un internat à 30 minutes de Sokoine. Je n’ai donc pas la chance de le voir cette fois-ci car il ne rentre que pendant les vacances scolaires. Il me manque tellement, impossible de m’imaginer repartir de Tanzanie sans l’avoir vu et j’aurai tellement voulu que ma maman fasse sa connaissance… Son papa contacte l’école et la direction nous fait une faveur en nous accordant une visite d’un quart d’heure… Beaucoup d’émotion pour mon chouchou, sa famille et moi-même de se revoir. Le temps est passé très vite mais j’ai pu lui donner quelques cadeaux (gâteaux, photos de nous deux, petits jouets…). Je suis triste de cette rencontre éclair mais aussi heureuse de pouvoir donner la chance à ce petit homme de pouvoir aller dans une bonne école. Nelson doit retourner dans son école, nous nous faisons un dernier bisou. C’est trop dur !! L’ambiance est triste dans le taxi, je pleure et ne suis pas la seule je pense…
Nous arrivons à l’école en début d’après-midi. UMD n’est pas là. Juste à côté de l’école il y a une petite église en terre et l’équipe se trouve ici en train de chanter et danser avec les gens du village.
Nous profitons de ce dimanche pour offrir un Massaï show à notre généreuse équipe. Une chèvre est sacrifiée pour l’occasion. Tout le monde découvre le rituel des Massaïs. Une très bonne ambiance règne sous le baobab, les femmes Massaïs chantent et les hommes sautent et chantent.
Lundi 11 Février : Nous travaillons pour l’aire de jeux. Nous avons demandé aux ouvriers de nous faire un peu de ciment pour sceller la balançoire, le toboggan et la porte. Nous avons installé le parcours de motricité, les chevreaux auront été les premiers à tester le parcours ! La chaleur est pesante, impossible de continuer à travailler. Nous allons tous nous reposer sous le baobab.
Mardi 12 Février : Nous avons apporté de la semoule pour faire un bon petit repas pour les enfants. Semoule à la sauce tomate, les enfants se régalent.
Après le repas nous organisons différentes activités pour les enfants, 1-2-3 soleil, de la danse, des chants, distribution de ballons gonflables… Certains parrains et marraines ont souhaité offrir une chèvre à leur filleul(e), c’est chose faite, les enfants et leur famille sont très heureux.
En fin d’après-midi nous conduisons l’équipe UMD chez ma famille d’accueil pour leur montrer comment vivent les Massaïs. Découverte de leur maison, du bétail. Des chevreaux sont nés depuis peu, une vache est en « quarantaine ». Lorsque les Massaïs achètent une vache, celle-ci a plutôt tendance à se sauver et retourner d’où elle vient. La solution est donc d’attacher la vache à un arbre pendant 2 ou 3 jours, sans manger ni boire. Au bout de ce laps de temps la vache, une fois relâchée, n’a plus envie de se sauver et ne pense qu’à une chose, se nourrir. Elle est ensuite marquée au fer avec les initiales de ses propriétaires.
Mercredi 13 Février : Nous avons enfin terminé l’aire de jeux, le ciment est sec. Nous initions les enfants au parcours de motricité, ils aiment beaucoup. Le toboggan a énormément de succès ainsi que la balançoire ! Un petit clin d’oeil à la Soli’Run que nous avons organisé en octobre dernier sur le stade d’honneur de Salon de Provence : Ericy, un de nos enseignants court avec les enfants avec une coupe à la main. A la fin de la course nous offrons des bonbons offerts par Haribo.
Le même jour nous organisons un repas festif grâce aux pièces jaunes récoltées par les détenteurs de tirelire MtotoSchool. Au menu, riz, viande, choux, papaye, bananes, oranges et du soda. Les enfants, maternelle et primaire (plus de 80), savourent leur repas sous le baobab. Quelle satisfaction de les voir manger à n’en plus pouvoir… Mille merci aux personnes qui se donnent la peine de mettre de côté leurs petites pièces pour nos petits Massaïs !
Nous passons la fin de l’après-midi à l’ombre entre nos deux classes car il fait trop chaud pour faire quoi que ce soit… Certaines rêvent d’un bon shampooing… Nous accrochons notre pocket shower à un arbre et un salon de coiffure se met en place ! Toutes les filles se font dorloter par Dédée la coiffeuse !
Jeudi 14 Février : Après l’école nous jouons avec les enfants sur l’aire de jeux. Pour terminer leur repas nous leur avons fait des pop corns et distribué des bananes.
Une fois que les enfants ont terminé leur repas, je prépare des spaghettis à la sauce tomate à mon équipe et à UMD. J’ai l’impression de leur avoir servi du caviar !! Nos habitudes alimentaires commencent à nous manquer.
Après une petite digestion, nous partons avec mon ami Jérémia vers un endroit où « seulement les hommes ont le droit d’aller »… Nous longeons un joli lac rempli de nénuphars. Jérémia m’explique que c’est cette eau qui est consommée par les gens du village car les animaux n’y ont pas accès. De plus le nénuphar a un effet dépolluant.
Nous arrivons au lieu réservé aux hommes, il s’agit en fait d’une maison végétale où les hommes peuvent manger, boire et jouer au billard ! Nous nous asseyons et commandons une bouteille d’eau fraîche, nous buvons tous les jours de l’eau à température ambiante (il fait plus de 30 degrés…). Quel plaisir de boire cette eau fraîche ! Nous regardons les Massaïs jouer au billard, moment insolite !
Nous retournons à l’école avant la tombée de la nuit, il fait tellement bon maintenant. Demain est le jour du départ de Dédée, Jacqueline et UMD. Nous bavardons dans la cuisine. Chacun donne sa première impression lorsque nous sommes arrivés à Sokoine. J’ai retenu que chacun a été impressionné par l’accueil et la gentillesse des enfants et des adultes. Dédée était très émue de rencontrer pour la première fois sa petite Furaha et Jacqueline de revoir sa petite Nashumu et son petit Iqram. Je me dis tout bas qu’ils ne s’imaginent pas à quel point, demain, jour de leur départ, sera rempli d’émotions (joie d’avoir rencontré ce peuple, tristesse de les quitter…). On ne repart pas indemne une fois qu’on a rencontré ce peuple. Toutes ces Massaïs sont à jamais dans notre cœur.
Vendredi 15 Février : C’est aujourd’hui que Louise, Clémence, Pauline, Mathieu, Antoine, Dédée et Jacqueline quittent Sokoine. La tristesse plane sur l’école. Nous tentons de sourire, de parler pour oublier notre tristesse mais c’est une chose impossible. UMD profite des derniers instants pour gonfler des ballons et jouer avec les enfants. Des femmes Massaïs viennent offrir des bijoux en guise de remerciement. Que d’émotions ! Jacqueline a confectionné des instruments de musique et invite les enfants à jouer du tam-tam, maracas pour fêter le départ. Les taxis arrivent déjà… tout le monde se dit au revoir encore et encore, c’est tellement difficile d’entrer dans le taxi et se dire que c’est fini… Des enfants et des femmes pleurent et nous font pleurer… Ce moment est très dur, très triste mais quelle joie pour moi d’avoir pu partager mon paradis avec cette nouvelle équipe UMD, Jacqueline et ma Maman qui rêvait depuis tant de temps de vivre cette aventure à mes côtés…
Les taxis s’éloignent de l’école, c’est le silence total dans l’école. Des femmes partent pour pleurer en cachette, les enfants restent auprès de moi. Il faut que je m’occupe l’esprit. Je vais faire une lessive. Je remplis une bassine d’eau que je dépose sous un arbre pour laver mon linge. Des enfants sont autour de moi et me regardent. Il fait très chaud, tellement chaud… Je regarde cette bassine d’eau, je regarde les enfants… C’est tellement tentant ! Je leur propose de se rafraîchir. Un grand sourire s’affiche sur leur visage. Ils ne se font pas prier, s’accroupissent devant la bassine et se mouillent de la tête aux pieds. Une fois terminé ils me remercient et partent jouer me laissant faire ma lessive. L’eau… Il faut impérativement apporter de l’eau à Sokoine…
Samedi 16 Février : C’est le jour du Massaï Market, je ne le râte jamais. J’adore l’ambiance qui y règne. J’aime regarder tous ces Massaïs rassemblés avec leurs tissus colorés qui négocient pour acheter ou vendre du bétail.
Je pars donc avec Jérémia pour rejoindre Emma car nous devons encore acheter une chèvre pour un filleul. J’achète également du miel qui est un délice. Comme d’habitude, nous prenons notre repas sous une paillote. Nous mangeons du bœuf, du riz et des tomates. Nous retournons ensuite à Sokoine. Je rejoins Nasra, maman de mes deux filleuls, nous allons nous reposer sous le baobab. Les enfants jouent sur l’aire de jeux, des chèvres passent tout près de nous. Comme c’est paisible.
Dimanche 17 Février : Je rejoins Nasra pour aller à l’église (petite maison en terre). Nous y entrons et des femmes (dont une âgée de 106 ans), enfants et hommes chantent et dansent. Tout le monde met ses plus beaux habits pour cette occasion. Le pasteur commence à parler de MtotoSchool. Nasra me traduit son discours, il remercie toute l’équipe de MtotoSchool de leur avoir offert une école maternelle dans le village. A la fin de la messe, chaque personne fait généralement don de fruits, de lait car ils n’ont pas d’argent à donner pour la quête. En guise de remerciements le pasteur m’offre différents fruits qui ont été donnés lors de la quête. La messe étant terminée, nous retournons chez Nasra pour manger puis nous reposer sous le baobab. Nasra crée des bijoux. Le soir, je rejoins ma famille d’accueil et nous communiquons aussi bien que possible avec les mots que je connais,
Lundi 18 Février : Rangement des fournitures scolaires apportées par UMD et MtotoSchool dans le local. Je rajoute également du sable au pied du tobogan pour que la chute soit plus douce !
Les jours passent, le ciel devient de plus en plus nuageux, l’air se rafraîchit, la saison des pluies devrait démarrer d’ici peu. Les jours passent et je profite des enfants, je les regarde jouer dans la cour, cette aire de jeux était une bonne idée. En fin d’après-midi je retourne voir ma famille d’accueil. Sur le chemin du retour je sens le soleil de plomb me brûler les épaules, il doit faire 40°. Je pense aux enfants qui vont à l’école primaire, et qui doivent faire un trajet de 30 minutes à pieds sous ce soleil, ils sont vraiment méritants. J’arrive chez ma famille d’accueil, les chevreaux cherchent la fraîcheur en se collant contre la porte d’entrée de la maison. Ils sont amorphes tant ils ont chaud. Les femmes sont à l’ombre, sous le auvent de la maison, torse nu, elles se rhabillent à mon arrivée. Deux d’entre elles se rasent les cheveux à l’aide d’une lame de rasoir et d’un peu d’eau. Les autres confectionnent des bijoux, c’est leur activité lorsqu’elles ont terminé leurs différentes tâches. Elles me posent des questions sur ma journée en swahili bien sûr et je parviens à me faire comprendre par des gestes et des mots. Elles sont aussi curieuses de connaître la vie des femmes Européennes. Une des femmes, Anna, a fait un séjour sur l’île de Zanzibar pour vendre des souvenirs aux touristes. Elle me raconte qu’elle a vu des mzungu avec des poussettes pour transporter leurs enfants. Elle me demande pourquoi nous ne portons pas nos enfants comme elles, dans le dos. Je lui réponds que certaines personnes le font mais pas toutes. Elle me répond que ces poussettes sont une bonne idée. Je profite de cette soirée pour distribuer des peluches aux enfants. Ces peluches nous ont été données par une école qui les a récoltées. Quelle joie pour les enfants ! Ils s’amusent avec, sont intrigués par certains animaux qui n’ont pas vraiment cette tête dans la réalité ! Plus tard ils s’allongent sur la mkeka (tapis) et s’endorment avec leur peluche, tellement mignons… Le soleil se couche, c’est magnifique. Il y a des éclairs, une odeur de pluie, un orage arrive, nous respirons grâce à cette fraîcheur.
Le lendemain je prépare un repas de fête pour toute la famille. Cependant, plusieurs Massaïs des alentours s’invitent au repas. Je m’affole un peu car je ne sais pas s’il y aura assez de nourriture pour tout le monde. Mais ceci est tout à fait normal. Quand il y a un événement nous devons inviter le voisinage, les amis. Je sers les enfants en premier pour être certaine qu’ils mangent à leur faim et leur offre à chacun une petite bouteille de soda. Nous mangeons tous ensemble au son de la musique Tanzanienne. Les enfants et les adultes se régalent de spaghettis en sauce tomate-légumes-riz-choux. Des Massaïs viennent remercier Nesupati (nom qui m’a été donné par mon ami Jérémia qui signifie « personne qui a bon cœur »). Beaucoup d’émotion pour moi de recevoir un nom si joli…
Le lendemain je vais à Dakawa (à 10 minutes de Sokoine) en moto avec Jérémia car je souhaite acheter des épices. Nous en profitons pour manger sur place. Jérémia a fait beaucoup de progrès en anglais depuis qu’il a fait un séjour à Zanzibar et nous pouvons parler ensemble cette année. Nous en sommes très contents. Nous parlons de sa vie, de la vie de son peuple. C’est une période très difficile. Le gouvernement ne les aide pas. Selon les mots de Jérémia, le gouvernement les considère comme des « animaux ». Jeremia m’explique que le peuple Massaï est pacifique mais prêt à se battre pour préserver ses droits et protéger son troupeau. Je souhaite pour eux qu’un jour leur vie sera plus paisible…
Jeudi 22 Février : Jour de mon départ. Je suis à l’école pour dire au revoir aux enfants. Ils sont là devant moi, tous souriants, me tendant les bras en me disant « bye bye ! », je tente de retenir mes larmes… Je mange une dernière fois avec ma famille d’accueil, nous parlons peu. Le taxi arrive et charge mes bagages. Même si je sais que je reviendrai encore et encore c’est toujours un déchirement de quitter cet endroit qui est magique pour moi…
Je tiens à remercier mon équipe MtotoSchool (France et Tanzanie) pour son soutien et tout particulièrement Jacqueline pour le temps qu’elle donne à notre association pour réaliser nos projets pour les enfants et son désir de leur faire connaître de nouvelles activités sportives, également ma Maman qui m’est d’un grand soutien ainsi que Zeliha, présidente de l’association UN MO D’où, pour avoir présenté notre nouveau projet à ses équipes. Merci Louise, Pauline, Clémence, Antoine et Mathieu, vous pouvez être fiers ! Grâce aux efforts que vous avez déployés pour récolter des fonds nous allons pouvoir loger nos 2 enseignants et ainsi pouvoir acheter plus de denrées alimentaires pour les enfants grâce à la location de leur logement .
Je suis également heureuse que ce séjour vous ait permis de vivre une belle expérience humaine à Sokoine.
UN MO D’où vous êtes les bienvenus à Sokoine, karibu sana !