20210930_103552

2021 – Enfin ! Retour à Sokoine après 1 an et demi !

« La patience est la clef de la joie… »

Après 1 an et demi d’attente, me voilà repartie pour la Tanzanie le 11 septembre (non non, comme vous le voyez je ne suis pas superstitieuse !). Je suis tellement impatiente de retrouver les petitous de notre école et mes amis…

11/9 – Mon voyage s’est bien passé. Je sors de l’avion et vais faire mon test pcr, négatif ouf ! Je souffle enfin, je suis en Tanzanie et plus rien ne peut m’empêcher de me rendre au village ! Je vais récupérer mes valises mais j’apprends que 2 valises sont coincées dans la soute de l’avion et la 3e est restée à Amsterdam…  Je dois donc rester une nuit de plus à Dar es Salaam pour attendre mes bagages…

12/9 – Emma, mon ami, me fait visiter différents  endroits en attendant de pouvoir aller à Sokoine. Il m’emmène dans un endroit où « beaucoup de personnes riches viennent faire leurs achats ». Il s’agit d’une galerie marchande, comme chez nous.  Pour emma c’est géant ! Nous allons ensuite manger dans un endroit où un groupe joue de la musique Africaine, super ambiance. Entre-temps, Emma apprend qu’il y a eu un décès au village, un homme d’un certain âge, respecté de tous. Les obsèques ont lieu le lendemain. Nous retournons à l’hôtel et Emma me dit qu’il va faire tout son possible pour récupérer mes valises pour que nous puissions partir tôt le lendemain matin pour le village.

Je m’endors et à 4h du matin on frappe à ma porte.
Emma n’a pas dormi de la nuit, il a réussi à faire rapatrier mes 3 valises à l’hôtel et il me dit que nous devons partir au plus vite pour arriver le plus tôt possible à Sokoine pour assister aux funérailles.

13/9 – Je m’habille rapidement et rejoins Emma à l’accueil de l’hôtel. Il est 5h du matin et à cette heure-ci les navettes de l’hôtel ne sont pas disponibles, nous trouvons donc un « bajaji » (petit véhicule à 3 roues)  pour nous amener à la gare routière. Bien évidemment, il est très difficile de faire rentrer mes 3 valises de 23 kg chacune dans ce minuscule véhicule ! D’ailleurs l’une d’entre elles est à moitié en dehors du véhicule à côté du chauffeur. C’est ça l’aventure et il y a toujours des solutions !
Nous voilà arrivés à la gare routière de Dar pour trouver le bus qui nous amènera jusqu’à Morogoro. Nous trouvons 2 places au fonds du bus, ce ne sont pas les meilleures car nous sommes au dessus des roues… Il y a des travaux sur la route, une voie ferroviaire sera bientôt prête pour aller de Dar es Salaam jusqu’à Morogoro, c’est une super nouvelle car notre voyage sera bientôt plus rapide et plus agréable ! J’ai l’impression qu’il y a des dos d’âne tous les 10 mètres…. j’ai le dos en compote. Emma, lui, dort à poings fermés ! Forcément, il n’a pas dormi de la nuit…
Après avoir pris un taxi à Morogoro, nous voilà arrivés à Sokoine en début d’après-midi. Nous déposons mes bagages rapidement au pub de Emma qui est à l’entrée du village puis nous allons directement aux funérailles.  La cérémonie se déroule sur le terrain du défunt, il sera enterré dans sa propriété. Ce moment est l’occasion pour la famille, les amis du village et des environs de se retrouver. Les hommes et les femmes sont séparés. Nous sortons du taxi et Emma me dit que maintenant nous nous séparons car il doit rejoindre le groupe d’hommes qui est au loin et de mon côté je dois rejoindre les femmes. Je vais donc, seule, à la rencontre des femmes. Je mets ma shuka (tissu Massaï) autour de ma taille pour entrer dans le cercle des femmes Massaïs. Je leur présente mes condoléances.  Elles me remercient. Il y a tellement de monde que je ne sais pas trop où me diriger. Mais je vois rapidement la maman de Emma, puis ma Nasra, la maman de mes filleuls. Nous pleurons, heureuse de nous retrouver enfin après 1 an et demi d’attente. Nous nous asseyons par terre parmi les femmes et écoutons le pasteur. Des femmes pleurent à outrance, il n’y a pas cette pudeur que nous avons ici. Des hommes prennent le cercueil en photo. Il y a de la musique Massaï en fond et un pasteur fait la cérémonie. Un grand repas est organisé.
Les enfants viennent à moi avec un grand sourire et me présentent leur tête en signe de respect, je dois poser ma main sur leur tête pour les saluer. Ils ont tellement grandi. Seretui, à qui j’avais apporté des béquilles lors de mon dernier séjour, vient à moi et s’assoie sur mes genoux. Il était tellement sauvage auparavant mais depuis que je lui ai offert ses béquilles il est transformé…
La cérémonie touche à sa fin, cet homme respecté de tous va être enterré et les hommes vont passer la nuit ensemble à remémorer les moments passés avec lui pour l’aider à partir en paix. Les femmes retournent chez elles et moi je retrouve enfin mes 2 chouchous, Nelson et Mesiah. Mon Nelson me dit « welcome Sandrine ». Il est si grand, il parle très bien anglais maintenant, je suis agréablement surprise !

14 sept – Après être un peu restée avec la mama et les autres femmes de ma famille de cœur pour parler et nous réjouir de nos retrouvailles, je me rends à l’école. Sur le chemin je croise des chèvres, des vaches et je me rends compte que je suis privilégiée de pouvoir vivre ces instants, de pouvoir changer de « monde » car, oui, je suis à cet instant même dans un autre monde…

J’arrive à l’école et je vois un homme prendre notre école en photo. Edward, qui gère l’école, m’explique que cet homme est un pasteur. Il est en train de construire une petite église non loin de l’école. Cet homme est Tanzanien et parle très bien le français. J’en profite donc pour me présenter et lui parler de notre association. Il m’explique qu’il a déjà réalisé plusieurs projets en Afrique (construction d’écoles, de puits, et d’églises). Il est charmé par notre école et il aimerait faire quelque chose pour nous aider. Il prend les coordonnées de Edward. Nous croisons les doigts pour qu’il nous recontacte… Je rejoins les enfants qui sont heureux de me voir. Ils chantent avec leur enseignant. C’est la joie dans cette classe ! C’est ensuite l’heure du porridge, je laisse les enfants manger et ensuite je fais la distribution de ballons, les enfants sont tellement contents…

En fin de matinée, je me rends au pub de mon ami pour boire un chai (thé, lait, épices et gingembre) et manger un chapati et un fruit. Des amis Massaïs sont là et nous sommes heureux de nous revoir. Ils me demandent comment se passe la vie en France par rapport au covid. Je leur explique la situation et ils sont surpris de toutes les contraintes que nous avons par rapport à cela. Ici, en Tanzanie, ils vivent sans l’appréhension du covid, personne ne se protège et ils ne voient pas de personnes malades… Allez comprendre…

15/9 – Avant de me rendre à l’école et pour ne pas perturber le travail des enfants en classe, je m’arrête chez la maman de mes filleuls pour prendre mon petit déjeuner. Elle a cuisiné des bananes plantain bouillies et du chai (toujours un régal). Des femmes de la famille sont également là. Elles se sont déplacées pour assister aux funérailles. Une fois le petit déjeuner pris, elles prient avant d’entamer leur « voyage » pour retourner dans leur village.

Je me rends à l’école pour rejoindre Edward. Une fois les cours terminés, nous distribuons les tee-shirts et sacs que j’ai rapportés. Il s’agit d’un partenariat entre MtotoSchool et le Club shop 13 de Livio Borsi. Nous utiliserons ces tee-shirts pour les activités sportives car nous avons commandé des uniformes (chemises et pantalons/jupes) grâce aux récoltes de pièces jaunes. Je distribue également aux cuisinières de l’école des tabliers et sacs que l’agence O2 de salon de provence nous a gentiment offerts, les femmes sont ravies d’avoir une belle tenue pour cuisiner. Le temps passe vite à l’école et l’après-midi je rejoins mes filleuls pour passer du temps avec eux.
Je leur apporte des cadeaux, entre autre le jeu des 7 familles. J’explique la règle du jeu à l’aîné de mes filleuls et c’est lui qui traduit en swahili les explications aux autres enfants. Je suis si fière de lui. Nous communiquons si facilement maintenant ! Du fait qu’il parle tout le temps en swahili avec sa famille, ses parents sont surpris et fiers quand je leur dis que leur fils parle très bien l’anglais.

16/9 – Aujourd’hui j’ai envie de décorer la classe avec mon Nelson.  Nous faisons des découpages, des coloriages et décorons les murs. Nous jouons avec les enfants (ballons gonflables). Il est 16h, Nasra prépare le repas (c’est mon 1er de la journée) avec du mbonga (légume qui a le goût des épinards) et bananes plantain. J’explique à Nasra ma façon de cuisiner les bananes et lui promets de lui montrer la prochaine fois comment je les cuisine (à la poêle et épices, cela a plus de goût et cela changera des bananes bouillies).
Après le repas je discute avec mon Nelson. Il me dit qu’il aimerait pouvoir venir un jour en France.  Je lui explique que la vie est différente et il me pose des tas de questions. Je lui explique, entre autre, que nous n’avons pas la même façon de vivre en France. Par exemple, en Tanzanie, les habitations dans les villages ne sont pas clôturées. Qui que ce soit peut venir vous voir et si vous êtes en train de manger alors vous partagez votre repas avec cette personne. Pour les Massaïs le partage est très important. Je lui explique qu’en France, nos maisons sont clôturées et il n’est pas facile d’entrer dans notre maison et que si quelqu’un se présente chez nous pour manger nous n’aurons pas forcément une bonne réaction à l’égard de cette personne… Mon filleul me regarde, les yeux écarquillés, il ne comprend pas ce comportement…

Nous parlons tellement que je ne me rends pas compte qu’il est tard et que la nuit est tombée, je ne peux pas rentrer à pied jusqu’à ma chambre, mes amis me l’interdisent. Je me rend donc au pub et demande à Emma s’il peut trouver quelqu’un pour me ramener. Un ami me ramène en moto en échange de quelques shillings.
J’entre dans ma chambre et que vois-je ??!! Un rat qui grimpe à toute allure au mur pour aller se cacher dans les combles ! Je me rends compte qu’il a commencé à  grignoter mes  valises pour accéder aux gâteaux, pâtes et autres aliments que j’ai emporté avec moi. Je passe une nuit blanche car j’entends le rat et je surveille mes sacs… C’est décidé, demain je distribue tous les aliments.

17 sept – Je dois laver mes vêtements mais j’avoue que j’ai envie de faire la fainéante !… Je propose donc à une femme qui n’a pas beaucoup d’argent de me les laver en échange de quelques shillings. Elle est ravie de ma proposition !
Je me rends à l’école et je prévois de préparer de la semoule de couscous avec de la sauce tomate pour les enfants puis de leur distribuer des chamallows. Les enfants savourent, ça leur change un peu du porridge.
Cet après-midi je vais à Dakawa pour manger. C’est un après-midi détente . Je croise des personnes, adultes et enfants, qui me sourient, j’apprécie leur gentillesse et leur politesse. Ils s’arrêtent pour me parler, toucher ma peau et mes cheveux, regardent mes vêtements. Certaines ont des notions d’anglais et veulent faire ma connaissance. C’est cela que j’apprécie dans ce pays, nous ne nous connaissons pas mais il n’y a pas de barrière. Je ne me sens pas étrangère… Nous ne sommes pas loin du commissariat du village et la chef de la police me voit parler avec les villageois. Elle vient vers moi et dit à mon ami qu’elle souhaite faire ma connaissance. Nous la suivons dans son bureau. Il y a juste un bureau et 2 chaises, un ventilateur au plafond, il fait très chaud. Elle me demande ce que je fais en Tanzanie. Je lui parle de l’école à Sokoine, elle me félicite d’aider les enfants de son pays. Elle se présente à son tour. Elle est veuve et a 3 enfants. Elle cherche un parrainage pour aider sa fille aînée à poursuive sa scolarité. Je lui explique qu’il est difficile de trouver des parrainages pour notre école et que je me vois malheureusement dans l’impossibilité de l’aider. Elle me comprend. Elle me donne son numéro de téléphone si toutefois un jour j’aurai besoin de son aide. J’apprécie son geste et la remercie.

18/9 – Samedi, jour du marché Massaï. Nous partons en moto pour éviter d’être confinés avec plusieurs personnes dans un véhicule.
Aujourd’hui il faut que j’achète un uniforme, des chaussures, des cahiers et stylos pour une de nos filleules qui est en primaire. Elle va être ravie ! Nous en profitons pour acheter des fruits et légumes pour faire un petit repas de fête en famille. Une fois nos achats terminés nous allons rejoindre des amis pour notre traditionnel repas sur le marché. Nous partageons un énorme morceau de viande avec des frites ou bien de l’ugali avec de la sauce tomate, un régal ! Les gens ont le sens du partage. Les amis qui arrivent sur le marché viennent à nous et s’arrêtent pour manger avec nous. Il est préférable pour les Massaïs de moins manger et de partager leur repas. Quel bel état d’esprit ! Imaginez que vous êtes au restaurant, vous mangez, un(e) ami(e) passe et s’asseoit pour manger dans votre assiette… quelle serait votre réaction ??!! Le mot qui revient souvent dans leurs conversations est « unité « , c’est cette unité qui fait la force de ce peuple.
En milieu d’après-midi nous retournons à Sokoine. J’apporte des bananes à mes filleuls. Nasra est partie faire une course. Nelson et Mesiah ont une petite soeur de 1 an, Nelson s’en occupe très bien. Les enfants sont capables de rester seuls et s’entraident. Les plus grands s’occupent des plus petits. Ils ne s’ennuient jamais et sont heureux car ils sont toujours ensemble et ne sont pas cantonnés chez eux…
Je propose aux enfants de faire une activité dessin et peinture. Ils sont ravis car la plupart d’entre eux n’ont jamais utilisé de peinture. Nous avons fait cela sur le sol dans la maison de Nasra et bonjour les dégâts ! Nous nettoyons le sol avant que Nasra ne revienne à la maison !…
La nuit tombe, Nasra et moi préparons le repas (frites, omelette, sauce tomate). Nous sommes sur le pas de la porte à cuisiner avec un chaudron posé à même le sol dans l’obscurité éclairées à l’aide de mon téléphone… Dans ces moments-là je ne peux pas m’empêcher de penser au gouffre qu’il y a entre notre mode de vie et la leur. Il paraît impensable qu’à des milliers de kilomètres il est si facile de cuisiner, d’avoir l’électricité. D’ailleurs Nasra me demande «toi tu cuisine debout ou assise ?»… Je lui explique alors comment est faite ma cuisine et combien il plus facile et plus agréable de cuisiner dans ces conditions.

19/9 – C’est dimanche, je suis réveillée à 6h du matin par les  moutons et les chèvres. La plupart des vaches sont en forêt car la saison sèche commence et le pâturage se fait rare au village. Les femmes partent de bon matin avec leur bébé dans le dos pour rejoindre les troupeaux de vaches afin d’avoir du lait. Elles les surveillent également car vu le manque d’herbe les vaches ont tendance à aller manger les cultures des paysans et cela entraîne des conflits et des litiges à régler au commissariat de police… Je lave mes cheveux. Je fais l’attraction. Les enfants me regardent, penchée au-dessus de mon seau d’eau, et cela les fait rire. C’est tellement plus facile pour eux de se laver les cheveux évidemment ! Nous nous amusons ensuite ensemble avec des ballons, un rien les rend heureux. Plus tard, en début d’après-midi, je me rend au pub de mon ami pour déjeuner (je n’ai pas pris le temps de prendre mon petit déjeuner), je fais souvent 1 seul repas par jour et curieusement ça ne me pose aucun souci. Le rythme de vie est différent ici, nous n’avons pas d’heure précise pour préparer les repas. Cela se fait lorsque toutes les tâches principales ont été faites. Après mon repas, je me rends dans une petite église faite de branchage et de terre. En m’approchant j’ai la chair de poule car j’entends ces chants aigüs qui me font toujours un effet fou ! Je rejoins les personnes qui sont en train de chanter et danser, je danse avec eux. Tout est prétexte de fête, tout est joyeux ici !

Je retourne ensuite dans ma petite famille et je commence à préparer un repas pour les enfants (pâtes, bananes plantain à ma façon, tomates). Les enfants sont ravis. Ils n’arrêtent pas de me remercier et de me dire « tamu ! » (c’est bon !). C’est exactement ça que j’aime, leur apporter l’essentiel, les voir se régaler et voir leurs joues pleines de sauce tomate !

Je réserve ensuite ma soirée avec les femmes de la famille, je parle avec mama avec les mots que je connais et que je mets bout à bout. Nous rions car malgré la difficulté du langage nous arrivons à  nous comprendre. Mama me propose de me faire de l’ugali mais je n’ai pas faim car j’ai mangé tard cet après-midi. Nous buvons alors du chai avant de nous coucher.

20 sept – Aujourd’hui mon Nelson n’est pas allé à l’école car il avait mal à la gorge et mal à la tête. Je lui propose de venir avec moi pour continuer à décorer la grande classe. Nous sommes dans le bureau de l’école et faisons des découpages et des coloriages. Moment tranquille tous les deux, nous sommes heureux.

Lorsque les enfants sortent de classe, Edward et moi leur distribuons leur nouvel uniforme aux couleurs jaune et vert qui ont été achetés grâce à la tirelire MtotoSchool (un grand merci aux personnes qui nous aident à faire cette collecte !). Je trouve ces uniformes lumineux. Nous décidons de garder les tee-shirts pour les séances de sport.  Les enfants ont de quoi être beaux pour aller à l’école !

Je vais prendre mon déjeuner au pub (riz, mbonga, carotte, haricots en sauce). J’aide ensuite mes amis à placer les boissons sur les étagères du pub et je vends des boissons aux Massaïs. Ils sont heureux de me voir active dans le pub et s’amusent à me demander à tour de rôle des boissons différentes pour voir si je m’en sors ! Nous avons bien rigolé.
J’essaie de partager mon temps avec tout le monde et je retourne donc chez la mama qui est mon petit chez moi aussi. Impossible de faire une arrivée discrète, les enfants sont toujours excités quand j’arrive et crient «Sandrine !!». Mama est en train de décorer une calabasse avec des perles. C’est un long travail. Les femmes me proposent de m’habiller en Massaï et de porter leurs bijoux (collier, ceintures, bracelets de chevilles et manchettes). Le tissu des vêtements est épais, ce qui rend les vêtements lourds. De plus, les bracelets de chevilles et manchettes sont très larges et me blessent malgré le peu de temps que je les porte. Je me demande comment elles peuvent supporter ces bijoux tout le temps sans jamais les enlever… Lorsque je sors de ma chambre, vêtue des vêtements Massaïs, les enfants m’attendent avec impatience. Ils crient de joie quand il me voient, leurs yeux expriment leur stupéfaction de me voir habillée ainsi. Mon chouchou, Nelson, met ses mains sur sa bouche et ses yeux sont écarquillés et crie waouuu !
Je me mets à remuer mes épaules comme les femmes Massaïs pour faire tinter mes colliers. Les enfants rient. Mon ami Emma me dit apprécier de me voir ainsi vêtue car « ça met des étoiles dans les yeux des enfants ». Nous faisons une séance photo. Puis les enfants jouent. J’en profite aussi pour leur montrer une video que j’ai faite dans l’avion au dessus des nuages. Les enfants et les femmes sont surpris, ils n’imaginaient pas que l’on puisse se retrouver au dessus des nuages. J’aime leur faire découvrir de nouvelles choses, je les rends heureux et ça me rend heureuse… Nous avons passé un bel après-midi. Je me rends chez Nasra car elle souhaite que l’on mange ensemble. Elle aime cuisiner et parler avec moi. Nous échangeons nos façons de cuisiner tel ou tel aliment et c’est très enrichissant pour l’une comme pour l’autre.

Ce soir nous parlons du corona et de la croyance en Dieu. La Tanzanie ne semble pas être touchée par le virus comme on pourrait le croire.  C’est vrai que personne ne se protège et personne ne voit de cas autour d’eux. « Ce sont nos prières et dieu qui nous protègent » me dit Nasra.  Tout le monde au village a le même discours, seul Dieu et les prières les protège du virus.

C’est apaisant pour moi de pouvoir faire une pause avec cette fichue pandémie,  j’ai tendance à oublier qu’à des milliers de kilomètres, dans mon pays, beaucoup de choses sont devenues contraignantes… 

J’ai terminé mon repas avec Nasra et les enfants. Il fait nuit, je vais au pub pour prendre mon piki piki du soir (moto taxi) pour retourner à ma chambre.

21 sept – 6h : Les enfants se lèvent et se préparent pour aller à l’école . Ils m’attendent ensuite derrière ma porte pour me dire bonjour. Ils espèrent toujours recevoir un ballon gonflable. Je fais la distribution et ils partent, heureux d’avoir un ballon.
Aujourd’hui je vais à Morogoro pour accompagner mon Nelson avec ses parents à l’hôpital car il est encore un peu malade. Après sa visite auprès du docteur nous allons prendre un petit déjeuner, un bouillon de viande avec un énorme mandasi, un délice, le meilleur de tous ceux que j’ai mangé !

Nous cherchons ensuite un magasin de vélos. Nelson m’a plusieurs fois montré au village qu’il savait faire du vélo et tournait autour de moi l’air de dire « tu as vu Sandrine ?! J’aimerai tellement avoir un vélo moi aussi ». Nous trouvons le vélo adéquate, Nelson me regarde avec un grand sourire, il est heureux, je suis heureuse. Je fais rajouter un porte-bagage pour que son petit frère puisse monter derrière. Ce sera leur cadeau, pas de jaloux. Lorsque nous rentrons Nelson veut utiliser son vélo tout de suite. Une de ses cousines est allée laver la vaisselle au lac et lui demande s’il peut transporter l’énorme bassine remplie de vaisselle jusque chez sa grand-mère. Il attache le tout sur le porte-bagage et part, tout fier, apporter la vaisselle à sa grand-mère et lui montrer son cadeau.

22 sept – Aujourd’hui nous allons faire des pop corns à l’école. Les enfants en raffolent. Je reste en classe pour regarder les enfants travailler. Une belle ambiance y règne, les enfants s’y sentent bien. Ils chantent et rient. Ils aiment apprendre. Ça me conforte dans l’idée qu’il faut se battre pour les enfants du village. Quand je vois qu’ils quittent notre école pour aller en primaire avec des notions d’anglais, je me dis que nous avons réussi quelque chose. Ce qui me chagrine c’est que la plupart d’entre eux oublient malheureusement cette seconde langue car en école publique l’anglais n’est pas pratiqué. Nelson, mon filleul, parle très bien anglais car il est dans une école privée à Sokoine. Je trouve dommage que le gouvernement n’incite pas les enfants à apprendre l’anglais en primaire.

L’école est terminée, je pars avec Nasra au village voisin, Dakawa, pour acheter des légumes pour la famille  et des bonbons pour les enfants.  J’en profite pour acheter 1 ballon pour l’école car les élèves détruisent les ballons à une allure folle. J’en profite également pour acheter un nouvel uniforme à mon chouchou.

A mon retour, Mama me prépare des frites (chipsy) et du chai. Elle me dit que je cuisine tout le temps pour les enfants alors elle a envie de me faire plaisir aujourd’hui. Les enfants dansent au rythme de chansons Massaïs et jouent autour de nous.
Ils attendent avec impatience de pouvoir manger.  Les femmes cuisinent au sol dans l’obscurité avec une lampe torche calée dans leur cou. C’est difficile de cuisiner dans ces conditions, il faut faire attention de ne pas faire tomber la nourriture dans le sable, la fumée brûle mes yeux et je dois sortir à plusieurs reprises pour respirer de l’air frais.
Les enfants mangent dans l’obscurité mais ça ne les dérange pas, c’est normal pour eux.  Je les observe et je me demande comment leur petit estomac peut recevoir tout ce qu’ils mangent…

23 sept – Sur le chemin de l’école, je me retrouve avec plusieurs enfants à mes côtés. Ils portent mes sacs pour m’aider. Certains d’entre eux ne vont pas à l’école car leurs parents n’ont pas les moyens de payer les frais scolaires… Je ne les connais pas tous mais ils me sautent malgré tout dans les bras. Ces enfants sont tellement respectueux et affectueux. Je leur donne ballon, ils sont fous de joie. Je pense qu’à force de me voir distribuer des ballons je suis devenue « madame ballons » car ils m’en demandent constamment. « mpira ! mpira ! » (ballon !).

Je dis aux enfants que je pars pour l’école et nous nous disons « à plus tard ». Aujourd’hui nous cuisinons du porridge (uji) pour les élèves. Je ne reste pas longtemps à l’école car mon ami Emma me propose un moment de repos et promenade à Dakawa. Je prends mon 1er repas de la journée à 16h… Emma est toujours très occupé et ne voit pas le temps passer. J’ai un peu faim mais ça va, je tiens le coup ! C’est fou comme le corps s’adapte. En même temps je n’ai pas trop le choix ! Sur le chemin (à 3 en moto) nous croisons nos élèves qui sont maintenant en primaire. Ils rentrent de l’école. Mzungu ! Mzungu ! Nous nous arrêtons sur le bord de la route, les enfants s’approchent de moi et inclinent leur tête vers moi, me disent « shikamo » (formule de respect envers les aînés). Je touche leur tête en guise de bonjour et leur réponds « marahaba » (formule de remerciement envers leur respect). Les enfants me touchent les cheveux, ma peau et rient entre eux, ils sont contents de me voir et moi aussi.

Nous repartons pour Dakawa. Nous commandons notre repas : pour moi ce sera un pot au feu avec des pommes de terre,  bananes plantains,  carottes et de la viande. Quant aux Massais, le traditionnel plateau de viande avec de l’ugali. Ils sont fous de viande.  Tout est mangé, gras y compris, les os sont cassés pour manger ce qu’il y a à l’intérieur.
Avant de retourner à Sokoine j’achète des concombres, des avocats et des oeufs pour mes filleuls. Ce n’est pas tous les jours qu’ils peuvent manger équilibré et je profite d’être là pour leur apporter des vitamines. Nous nous arrêtons ensuite au pub, les Massaïs sont toujours contents de me voir et aiment parler avec moi. « qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ? ». Je vais ensuite chez nasra pour préparer une salade de concombres et avocats avec les œufs pour les petitous. Il n’y a plus de charbon au village donc il nous est impossible de cuisiner.

24 sept – Aujourd’hui à l’école, les enfants ont leurs beaux tee-shirts. Nous les faisons jouer dehors. Collin maillard, course, ballon. Les rires raisonnent dans l’école. Des mamans viennent pour inscrire leur enfant. C’est réjouissant de voir chaque jour de nouveaux élèves arriver à l’école. Lorsque je suis arrivée il n’y avait que 18 élèves, à mon départ ils étaient une trentaine. Notre école reprend des forces et c’est encourageant.
Cet après-midi je suis invitée au collège de Sokoine pour la remise des diplômes aux élèves qui sont en graduation 7 (équivalent de la 6e en France). C’est la fête à  l’école. Il y a de la musique. Les familles sont toutes rassemblées devant la place où les élèves vont recevoir leur diplôme. On me demande de m’asseoir avec les enseignants et représentants de l’école. Les professeurs arrivent en dansant, la professeur qui est en tête du groupe a un gâteau dans ses mains. Ce gâteau va être déposé sur une table et chaque élève qui recevra son diplôme aura droit à un petit morceau de gâteau. Les élèves arrivent à leur tour en dansant, ils ont un chapeau fait de papier. Certaines filles ont un rythme endiablé et je me régale de les regarder. Cette cérémonie est tellement joyeuse !  Une fois que les élèves ont reçu leur part de gâteau vient le tour des familles et membres de l’école. Pour recevoir un bout de gâteau il faut faire une offrande à l’école. A chaque don, une musique endiablée se fait entendre et des femmes dansent au milieu de la coure. Je suis bien sûre invitée à participer à cette offrande et ai droit à ma part de gâteau. Tout le monde crie de joie en me voyant participer à leur fête ! Des adolescents montrent leurs prouesses en grimpant dans les arbres. Cette fête est vraiment particulière pour moi mais si banale pour les Tanzaniens. De jeunes filles Massaïs font une démonstration de danse et je reconnais quelques filles qui étaient des élèves de MtotoSchool. Je suis époustouflée de voir combien certaines d’entre elles ont changé en si peu de temps. Ce sont presque des femmes maintenant et à cet instant je vois défiler ces 6 années de travail pour aider ces enfants… J’en ai les larmes aux yeux.

Une fois que la fête est terminée je vais voir les filles pour leur dire bonjour. Elles sont contentes de me voir, cela fait tant d’années que nous partageons de bons moments ensemble…

Les femmes m’appellent. Le repas est prêt. Seulement je n’ai pas faim car j’ai mangé avant de venir. Pour les Massaïs, peu importe quand a été pris le dernier repas. Tant qu’il y a de la place dans l’estomac les femmes et les hommes mangent.
Retour au village.  Je vais dire bonjour à mon chouchou qui vient de rentrer de l’école. Je lui explique que je suis allée à la cérémonie et que j’ai beaucoup aimé. Il se met à calculer en quelle année il aura sa remise de diplôme et je lui promets d’être là pour ce grand moment !

25 sept – Jour de repos. Nasra fait une ceinture en perles qu’un homme lui a commandé. Nous parlons de tout et de rien. Je suis allongée sur une mkeka (paillasse) et savoure ce moment à ne rien faire…
J’ai offert des bulles de savon aux enfants. Ils s’amusent à courir après les bulles et rient aux éclats. Nelson, lui, repasse son uniforme. Il a 10 ans et sait déjà faire beaucoup de choses comme le ménage, laver la vaisselle, laver son linge, faire à manger ou du thé, s’occuper de sa petite sœur. Nasra me dit que s’il lui arrivait malheur alors Nelson serait capable de s’occuper de son frère et de sa sœur…

26 sept – Je passe la matinée avec les enfants de ma famille de coeur. Les enfants dansent au rythme de chants Massaïs que les femmes ont sur leur téléphone. Ils jouent avec les restes de cendres et se barbouillent le visage, ça les amuse. Les jeunes filles lavent la vaisselle de la veille avec de l’eau, du savon et du sable pour désincruster les restes de nourriture… Une autre casse des branches pour faire du feu. Les jeunes garçons sont partis avec les chèvres. Les femmes balaient leur maison et préparent le feu pour boire le chai. Je mangerai plus tard car aujourd’hui les réserves sont épuisées à la maison… Je vais au pub de emma avec la mama, il fait déjà chaud, la mama marche lentement. J’entends des chants au loin, c’est dimanche, jour de la messe. J’entre dans l’église et je ressens la joie de toutes ces personnes qui chantent et dansent, ces voix aigües me donnent la chair de poule. Ils n’ont pas un sous dans leur poche mais énormément de joie dans leur coeur.  
Je me rends plus tard au pub de mon ami, Emma prépare une fête car c’est mon anniversaire aujourd’hui.  Il prend des ballons gonflables que j’ai toujours dans mon sac. Son attention me touche, il veut tout le temps me faire plaisir !
Il est 15h, je prends mon 1er repas (riz, viande en sauce et pastèque).
Jérémia apprend que c’est mon anniversaire. Il me dit « attends je reviens avec de l’eau ! ». Je ne comprends pas ce qu’il se passe et reste assise à ma table. Jérémia revient derrière moi et me verse de l’eau sur la tête ! Je crie car je suis surprise et me lève en lui disant qu’il est fou de faire ça ! (en plus je viens de me laver les cheveux zut !). Il m’explique que c’est la tradition Massaï quand on fête un anniversaire ! C’est comme un renouvellement de baptême. Je ne savais pas et m’excuse pour ma réaction…
En fin de soirée, plusieurs hommes, Massaïs et habitants du village entrent dans salle où Emma a préparé ma petite fête. Il m’appelle et me fait entrer, tout le monde m’applaudit. On m’invite à  m’asseoir à une table face à « mon public ». Je suis un peu gênée d’avoir tous ces yeux rivés sur moi mais ils sont tellement heureux de me faire cette surprise. Mussa, un ami qui enseigne dans le collège de Sokoine, m’explique comment va se dérouler la soirée. Il m’explique que chez les Massaïs il n’y a pas de gâteau d’anniversaire. Les anniversaires sont célébrés avec de la viande. Il s’adresse aux hommes qui sont face à moi et leur parle en swahili. Ils se mettent tous à chanter joyeux anniversaire en anglais, en massaï puis en swahili. Une fois terminé ils me demandent de chanter en français et ils essaient de répéter tant bien que mal. Ils sont tellement contents et moi aussi ! Vient le moment de partager la viande, une chèvre a été sacrifiée à l’occasion de mon anniversaire…

Mussa m’explique que je dois choisir une personne dans le public qui viendra à mes côtés. Pour ne froisser personne, je ferme les yeux et pointe quelqu’un du doigt. Ce Massaï est tout heureux de me rejoindre.

Nous prenons un bout de viande avec un petit pic et nous nous l’échangeons. La fête est ouverte, sur une musique Tanzanienne, les Massaïs viennent à tour de rôle pour recevoir leur morceau de viande, ils sont heureux, ils mangent de la viande. Tout le monde chante dans la salle, ils prennent des ballons et jouent entre eux !.. En fin de soirée je remercie tout le monde pour avoir pris du temps pour organiser cette jolie fête que je ne suis pas prête d’oublier !

27 septembre – Je suis en classe avec les enfants.  Ils font de la lecture, de l’écriture et chantent. Aujourd’hui nous avons 22 élèves. Nous sommes contents car de nouveaux élèves arrivent.
Après l’école je rejoins mes 2 filleuls. Je les aperçois au loin courir vers moi pour me sauter dans les bras. Que cet instant est beau… Notre lien est si fort, je souhaite le meilleur pour eux… Nous prenons ensemble notre déjeuner (pommes de terre, chapati et omelette aux légumes). Je vais ensuite me reposer dans ma chambre car il fait très chaud aujourd’hui.
Les enfants jouent avec une balle faite avec une récupération de sacs plastiques ficelés. J’aperçois de ma fenêtre les chèvres qui reviennent de la forêt, les chevreaux les entendent et sentent leur mères. Ils bêlent à n’en plus pouvoir car ils ont faim. Ils sont lâchés et vont téter. Après m’être reposée je rejoins les femmes de la famille et parle avec elles. Comme d’habitude, elles me posent beaucoup de questions sur la vie en France. Une d’entre elles me demande « Si je viens en France, les mzungu me tuent ? » Elle me fait le geste d’un couteau sous la gorge ! Je rie et leur répond que non, il y a des Africains qui vivent en France et tout se passe bien. Elles sont surprises d’entendre que des Africains vivent en France… Une autre ouvre son téléphone et met des musiques Massaïs. Les femmes chantent et les enfants dansent. Comment définir ce moment si paisible ?… Leur vie est dure mais il y a toujours cette joie de vivre tous ensemble.

29 sept – C’est une matinée tranquille,  j’ai envie de prendre mon temps aujourd’hui, après tout je suis en vacances ! Je me lève donc plus tard. Les femmes sont déjà partie à leurs occupations. Les unes surveillent les vaches, les autres vont faire leur lessive ou bien sont parties vendre du lait.
Je décide donc d’aller au pub pour aller prendre mon petit déjeuner. Sur mon trajet je croise des chèvres et des vaches qui sont restées au village, tout est paisible. J’arrive au pub, des Massaïs dansent au rythme de musiques Tanzaniennes et me saluent. Je bois mon chai et mange un chapati puis vais ensuite rejoindre les enfants à l’école. Ils sont en train de jouer sur le toboggan, font également de la balançoire et crient de joie.
Je propose aux plus grands de leur apprendre à dessiner à partir de modèles que j’ai apporté. Ils sont fiers de leurs dessins et ne pensaient pas pouvoir être capables de faire ça.
Il fait tellement chaud aujourd’hui encore que je retourne à la maison pour prendre une douche, le vent soulève le sable, ma peau et mes cheveux sont sales.
Je reste un peu avec la mama et les enfants, nous parlons un peu. Puis je retourne voir mes filleuls qui jouent au ballon. Il y a un match de foot aujourd’hui donc ils imitent les footballeurs !
Nasra  cuisine des bananes plantain en guise de frites avec des légumes (mbonga), de la sauce tomate maison (je lui ai apporté un presse-purée). Elle voulait faire une omelette et je lui explique comment faire des œufs au plat (histoire de lui montrer comment cuisiner autrement les œufs). D’habitude les enfants n’aiment pas trop les bananes quand elles sont bouillies mais ils se régalent de les manger frites. Nelson goûte son œuf au plat. Les yeux fermés, il savoure… Il n’avait jamais mangé de sauce tomate maison ni d’oeuf au plat. Il me regarde, murmure mon prénom et secoue la tête en me disant que c’est un délice! Quel bonheur ! Des femmes passent au même moment, elles ont faim et la cuisine de Nasra sent bon… Nasra partage son repas avec elles.

Les Massaïs sont tous au pub pour regarder le match de foot. Ils sont incontrôlables lorsque leur équipe marque un but, ils sautent devant la télé et crient ! Ils vont ensuite fêter « leur victoire » en buvant une bonne bière et en jouant au billard.

30 sept – Aujourd’hui nous avons 25 élèves (malgré 4 absences). Le nombre d’élèves augmente ! Les jours se ressemblent, les enfants sont heureux et épanouis. Cela renforce ma conviction qu’il faut que je me batte pour maintenir notre école en vie.
Quelques anciens élèves qui sont désormais en primaire passent me dire bonjour lorsqu’ils sont de retour au village et mangent du porridge qui a été préparé à l’école. Certaines filles n’osent plus s’arrêter pour manger à l’école. Nasra m’explique qu’en grandissant, les filles ont honte de manger devant quelqu’un. Elles préfèrent se mettre dans une pièce seules ou accompagnées d’autres filles de leur âge pour manger. Je comprends maintenant pourquoi je ne vois presque pas certaines de nos anciennes élèves. Le temps passe, les enfants grandissent et je dois respecter leur culture…

1 oct – Malgré que nous ayons utilisé les pièces jaunes pour acheter les uniformes des élèves, je tiens quand même, pour mon dernier jour à l’école, à faire un petit repas festif à l’école. Nous achetons du riz (merci Jacqueline pour ton don !), des tomates, des oignons, de l’ail et deux grosses pastèques).
Les enfants se régalent. Ils ne cessent de me dire  « tamu » (c’est bon). Nous leur distribuons également des chamallows, qu’ils adorent, puis les traditionnels ballons. C’est la fête à l’école !

Je quitte le village lundi. Dur après 3 semaines d’immersion au pays des Massaïs… mais je suis malgré tout contente de constater que l’école se porte de mieux en mieux. Chaque semaine de nouveaux élèves arrivent, c’est donc bon signe.

2 oct – Samedi, jour du Massaï market.  Emma veut acheter 2 chèvres.  Nous partons à 3 sur une moto. Sur la route nous doublons une autre moto,  c’est Samwel, un cousin de Emma qui va vendre sa chèvre au marché.  Emma le fait arrêter en bord de route, ils négocient le prix de la chèvre et l’affaire est conclue.  Samwel fait demi-tour pour amener la chèvre chez Emma et nous reprenons la route pour le marché.
Arrivés au marché, Emma cherche une 2e chèvre, il y en a beaucoup mais le tarif est trop élevé, il n’achètera pas d’autre chèvre aujourd’hui. Des Massaïs me proposent d’acheter leurs chèvres « hey mzungu, unataka mbuzi ?! ». Nous rions et Emma me dit que ce serait bien que j’achète des chèvres moi aussi pour avoir mon propre troupeau et faire du business plus tard !
Nous prenons ensuite notre repas traditionnel et repartons au village.
De retour à Sokoine je vais voir mes filleuls qui me sautent dans les bras. Je m’asseois pour parler avec eux et Nasra. Des femmes passent et papotent…. J’ai sommeil, il fait très chaud. Je vais prendre une douche pour me requinquer. La fenêtre de la douche de Nasra donne sur l’école, le soleil se couche et met en valeur les couleurs de l’école, derrière se dresse notre vieux baobab, c’est magnifique…

Lorsque je ressors il n’y a plus personne.
Nasra n’est plus là, j’entends Mesiah qui m’appelle, il me guide derrière la maison, Nelson fait la vaisselle.  Je lui propose mon aide et nous lavons la vaisselle tous les 3. Nous nous éclaboussons et rigolons. Nous nous dépêchons car la nuit tombe et bientôt nous ne verrons plus rien !
Une fois terminé, nous nous asseyons et soufflons. Il y avait beaucoup de vaisselle à laver… Des enfants viennent à nous et s’asseoient autour de nous. Nelson et Iqram, anciens élèves de MtotoSchool, commencent à parler et me confient leurs souvenirs pendant leurs années MtotoSchool.  Ils se rappellent des chants (frère Jacques entre autre), des match de foot que nous organisions et autres jeux. Ils en gardent un très bon souvenir et sont un peu nostalgiques…

La nuit est tombée et j’ai promis à Emma de venir au pub pour manger ce soir. Samwel, l’oncle de Seretui (enfant unijambiste), à qui j’ai apporté des béquilles neuves, me dit que Seretui est très heureux et veut me voir. Nous nous donnons rendez-vous pour le lendemain matin pour que j’aille voir petit Seretui.

3 oct – Dernier jour à Sokoine… je me lève et commence à préparer mes valises. Je retrouve ensuite les enfants de ma famille de coeur et distribue des  ballons, rituel du matin ! Je vais ensuite au pub pour attendre Samwel et rendre visite à Seretui.
Seretui et sa famille sont heureux que je leur rende visite. Seretui me montre comment il se déplace avec ses nouvelles béquilles. J’apprends qu’il est désormais dans une école qui est adaptée aux enfants handicapés. Je suis si heureuse pour lui ! Je distribue les derniers ballons qu’il me reste aux enfants de sa famille.

Je quitte Seretui et sa famille. Sur le chemin je croise un petit troupeau de vaches. Une d’entre elles a la peau décharnée, la saison sèche démarre et la chaleur commence à faire des ravages. Il n’y a presque plus de végétation au village pour les troupeaux…
Je me promène au bord du lac, près du pub. Depuis toujours j’aime cet endroit. Les enfants viennent s’y baigner…les vaches aussi… Un ado jette plusieurs bouteilles armées d’hameçons, il pêche de gros poissons !
Des enfants viennent me voir. Je les ai vus grandir, certains étaient à l’école à l’époque mais maintenant ils gardent leurs troupeaux de vaches. Certains ont la chance de continuer leur scolarité, ce n’est pas le cas pour les autres. Nous nous asseyons face au lac. Ils s’amusent avec des bouts de bois ou avec des pneus. Moment de quiétude. Ils me chantent des chansons tanzaniennes et me demandent de chanter à mon tour des chansons françaises.

4 octobre – Il est temps de partir. Je dois faire un test pcr à Dar es Salaam avant de prendre l’avion et dois donc trouver un hôpital et un hôtel à proximité.

Comme d’habitude, j’ai du mal à dire au revoir aux enfants et à mes amis sans verser une larme… Les enfants me font plein de bisous. Je ne traîne pas, le taxi m’attend…

Dar es Salaam : Le voyage est long jusqu’à Dar es Salaam. Mes yeux sont rivés sur le paysage. Je prends tout ce que je peux pour m’en souvenir à mon retour en France. En suivant les conseils du taxi, je trouve enfin un hôtel qui n’est pas loin d’un hôpital selon ses dires.

Nous ne sommes pas loin de la mer. Je rencontre Julie, une ivoirienne qui a vécu en France puis à Londres. Elle est venue vivre en Tanzanie il y a environ 1 an car elle ne souhaitait pas subir les contraintes dûes au corona et la Tanzanie, grâce au président Magufuli, était le seul pays à ignorer le corona. Nous sympathisons et nous nous retrouvons chaque jour dans sa petite boutique où elle vend des boissons et des bijoux.

Le jour du départ est arrivé. La Tanzanie va me manquer, comme d’habitude, vous le savez !… Mais je suis contente de vous apporter de bonnes nouvelles concernant notre école.

Aux dernières nouvelles, la 2nde classe a été réouverte pour répartir les enfants par classe d’âge (les tout petits dans une classe et les moyens-grands dans la seconde).

Tout le meilleur pour notre école et longue vie à MtotoSchool !

 

ID

Tags: No tags

Comments are closed.