Sokoine – 2017

« Tu dois continuer de rêver, souhaiter de grandes choses et poursuivre tes objectifs, car personne ne le fera à ta place »

Un an de travail depuis mon séjour à Sokoine. Des évènements ont été organisés au profit de notre association qui nous ont permis d’acheter le terrain de l’école que je vais découvrir…

J’ai préparé pour les enfants des activités à partir de la méthode Montessori, ce sera une découverte pour eux. Ils vont avoir des stylos, feutres, crayons, gommes, taille-crayons, dons de différentes personnes. Je leur ai aussi prévu des jeux comme 1,2,3 soleil, le jeu du foulard…. Tant de choses à faire avec eux, je pense que ces 2 semaines vont encore passer à une allure folle.

Samedi 11 Février, je m’envole pour Sokoine, j’ai les larmes aux yeux à l’idée de retrouver mon petit Nelson, sa famille et les autres enfants. J’arrive dimanche après-midi à Dar es Salaam, le voyage est si long… Mais je suis contente de retrouver Emma à la sortie de l’aéroport. Je vais à l’hôtel pour me reposer et demain une nouvelle journée de voyage en bus m’attend.

Lundi 13 Février, il fait très chaud, plus que l’an dernier il me semble. Emma et moi prenons un taxi pour aller à la gare routière de Dar es Salaam. Une fois sortis du taxi, comme d’habitude, nous sommes encerclés par les porteurs de bagages. Emma négocie avec l’un d’eux et nous nous rendons jusqu’à notre bus. Il y a l’air climatisé, tellement bien ! Le bus démarre, j’ai vraiment hâte d’arriver à Sokoine. Nous arrivons à Morogoro et nous devons trouver un taxi qui nous amènera jusqu’au village. Il y a des monospaces qui pourraient faire l’affaire mais nous avons tellement hâte d’arriver que nous prenons un taxi qui sera plus rapide. Le taxi entre dans le village et nous dépose juste devant la maison de la famille de Emma. Nasra, la maman de mon filleul Nelson, vient vers moi, nous pleurons de joie de nous retrouver. Je découvre son bébé, Mesiah (elle était enceinte l’an dernier lorsque j’étais à Sokoine). A mon grand bonheur il ne pleure pas en voyant la mzungu ! Nelson n’est pas là, il est en train de jouer au loin. Les autres enfants vont le chercher, il arrive en courant et me saute dans les bras. Nous sommes tellement heureux de nous revoir… Tous les enfants qui sont à proximité tirent mes 2 grosses valises jusqu’à la maison de Nelson, là où je vais vivre pendant 2 semaines. Je suis heureuse de retrouver ma famille Massaï et mon chouchou Nelson. Les hommes ne sont pas beaucoup présents dans le village car la sécheresse les oblige à aller en forêt avec leur bétail pour leur trouver à manger. C’est une année très difficile, perte de vaches, peu d’eau, peu de nourriture… Triste à voir…

Mardi 14 Février, Jérémia, un des membres de la famille, mets mes 2 valises sur sa moto et les apporte jusqu’à la classe de Lusajo. Les enfants sont prêts, nous avons bu notre chai, nous partons à l’école. Je ne connais pas encore le trajet de la nouvelle classe donc je demande à Nelson « Wapi ? (où ?) ». « Hapa » (par ici) » en me montrant le chemin. Les femmes Massaï qui sont sorties de leur nyumbani (maison) me voient et je leur dis bonjour « jambo ! ». Elles sont contentes de me revoir apparemment ! Nous marchons, je me retourne et me rends compte que plusieurs enfants nous ont rejoint sur le chemin ! Un enfant prend ma bouteille d’eau pour m’aider, un autre mon sac. Tellement serviables ces enfants, je n’ai même pas besoin de leur demander quoi que ce soit… Ils veulent tous me donner la main, ce qui rend la marche difficile ! Je rencontre des jeunes filles qui se rendent à leur école, « shikamo » me disent-elles, je leur réponds « marahaba ». A L’époque, les plus jeunes, en signe de respect envers leurs aînés, les saluaient en leur baisant les pieds et en disant « shikamo ». L’aîné les remerciait en leur disant « marahaba ». Nous arrivons dans le petit local où Lusajo et les enfants travaillent. Lusajo et moi sommes contents de nous retrouver et les enfants tellement excités de revoir la mzungu ! Je reconnais les filleuls(es) et ils sont contents que je me souvienne de leur prénom. Je me rends compte que ce local est très petit, près de la route, difficile de travailler dans de bonnes conditions. Il est vraiment temps que nous leur construisions une grande classe. Mais pour l’instant c’est mieux que rien… Je m’asseois sur un banc au milieu des enfants et Lusajo continue à donner son cours. Les enfants n’ont d’yeux que pour moi, ils me touchent les bras, les cheveux, très intriguant pour eux cette peau blanche et ces cheveux longs ! Lusajo décide donc de leur donner récréation, pas moyen de travailler ! Nous amenons mes 2 grosses valises sur le terrain qui leur sert de cour et je déballe les fournitures que je leur ai apporté. Les enfants sont euphoriques, ils n’ont jamais vu de puzzle, autant de stylos, de cordes à sauter, d’activités pour dessiner et compter…. Je leur distribue aussi des ballons et des cookies que ma maman a confectionné spécialement pour eux. Distribution de brosses à dents et de dentifrices. Lusajo veut leur apprendre l’hygiène buccale entre autre. C’est la fête !

C’est l’heure du repas, une femme, qui habite juste à côté du local, cuisine chaque jour pour les enfants. Elle nous apporte une soupe de haricots, repas quotidien des enfants… lorsque les jours sont plus fructueux ils ont droit en plus à du riz ou de l’ugali. Leur alimentation n’est pas variée du tout. Ils sont maigres mais souriants malgré tout …Nous mangeons tous ensemble, les enfants assis sur une mkeka (paillasse), lusajo et moi sur un banc. Je n’ai pas encore terminé mon assiette et je vois Malaki qui s’approche de moi… Il a encore faim, je partage mon repas avec lui en faisant semblant de manger… La journée de classe se termine, j’aide Lusajo à nettoyer la classe qui est pleine de sable. Il me raccompagne car je ne connais pas encore bien le chemin qui me mènera à la maison de mon filleul. Je retrouve Nasra, Nelson et Mesiah et passe une bonne soirée avec eux. J’offre une petite boîte à musique à mon Nelson et un hochet à Mesiah. Ils sont contents.

Mercredi 15 février 6:00 du matin, les vaches se manifestent pour la traite. Pas besoin de mettre le réveil à Sokoine ! Nasra se lève et va directement dans l’enclos pour prélever le lait dans ses calebasses. Je me lève à mon tour, les enfants, Nelson et Mesiah, dorment encore. Je vais faire une toilette. Je retourne dans la maison, Nelson est réveillé ainsi que Mesiah. Nelson s’habille et je leur donne une banane, qu’ils partagent, pour bien démarrer la journée. Ils mangent rarement le matin… Nelson est aux anges, je lui donne à boire aussi. Ce n’est pas tous les jours qu’il boit de l’eau minérale, il boit plutôt l’eau de la rivière ou de pluie mais en ce moment c’est la sécheresse, difficile de trouver de l’eau… Donc Nelson boit bien souvent du chai. 7:15, il est l’heure d’aller à l’école. Il nous faut environ 15 minutes pour aller jusqu’à la classe. Le soleil brûle déjà de bon matin. Nelson me donne la main, il ne me lâche pas une seconde, il veut être tout le temps avec moi. Je m’installe avec les enfants et Lusajo les fait travailler. Aujourd’hui séance écriture. Les enfants m’apportent leur cahier à tour de rôle et m’appellent « mwalimu ». Ils ne m’appellent plus mzungu mais maîtresse maintenant ! Ils me demandent de corriger leurs lignes d’écriture.

Récréation : Nous allons derrière la classe, à l’ombre et je leur apprends le jeu de 1, 2, 3 soleil. Pas facile au départ mais après ils se sont régalés ! Heure du repas, soupe de haricots… Une fois leur repas terminé, les enfants retournent chez eux, Nelson veut rester avec moi car il sait que quand je travaille avec Lusajo je rentre tard à la maison et il ne me voit pas beaucoup. Mais aujourd’hui je dois rendre visite aux familles de nos filleuls(es) pour me présenter et prendre plus de renseignements sur les enfants et faire quelques photos. Nelson rentre à la maison en boudant… J’aimerai moi aussi rester avec lui mais je n’ai pas le choix. Lusajo et moi marchons dans le sable sous un soleil de plomb. J’utilise mon parapluie pour me protéger du soleil car ma peau est déjà brûlée. Nous arrivons chez la première famille et nous nous asseyons à l’ombre déjà épuisés… Je commence à parler aux parents, Lusajo fait la traduction. Je veux mettre les choses au clair, tout le monde pense que je suis riche. Donc je leur explique que ce n’est pas moi qui parraine tous les enfants, l’argent ne vient pas de moi mais de divers évènements que nous organisons en France et de quelques parrainages. Je leur explique que si j’étais riche je ne laisserai pas les enfants dans ce si petit local et que l’école serait déjà construite… Le message est bien passé. Les parents sont reconnaissants de ce que nous faisons pour leurs enfants et remercient les parrains-marraines. Sans notre aide, leurs enfants ne pourraient pas aller à l’école. La plupart des parents ne travaillent pas, la cause est bien souvent la maladie, un handicap… Ou bien ils travaillent mais les revenus ne sont pas suffisants. Ils sont ravis à l’idée que les parrains-marraines puissent venir leur rendre visite. Sachez que vous serez les bienvenus ! Nous continuons notre visite dans les familles, pour aujourd’hui nous nous arrêterons à la 5e famille, il fait trop chaud…Nous rentrons, la nuit tombe, les enfants jouent dehors. L’air est plus frais, ça fait du bien. Fatigués de leur journée, les enfants s’endorment plus tard dehors sur la mkeka. Ils ont attendu le repas mais n’ont pas pu lutter contre la fatigue… Nasra est en train de cuisiner. Je trouve ça triste car elle cuisine trop tard, les enfants sont épuisés et s’endorment avant le repas. Ils auraient besoin d’un repas supplémentaire dans la journée. Mais Nasra est tellement occupée dans la journée. Traite des vaches, s’occuper du bébé, aller chercher de l’eau à la rivière, laver la vaisselle, le linge…. une fois la nuit tombée elle cuisine… Elle utilise les épices que je lui ai amené (persillade et raz el hanout). Elle adore ce nouveau goût ! Les femmes Massaïs qui entre dans la maison disent que ça sent très bon.Nous nous couchons, nous sommes 4 dans un même lit, Nasra, Mesiah, Nelson et moi, parfois 5 quand un autre enfant nous rejoint. Dans la nuit j’entends du bruit dans la maison. C’est un chat qui cherche à manger. Il fait trop chaud dans la maison, impossible de dormir, je manque d’air…

Jeudi 16 Février, réveil par les vaches comme à l’accoutumée ! Même rituel, Nasra se lève, moi aussi, les enfants dorment encore. Je vais me préparer. Aujourd’hui je vais à Morogoro avec Lusajo pour acheter une grosse marmite pour cuisiner des pâtes pour les enfants, des gobelets et assiettes en plastique. Nous allons aussi acheter quelques légumes, chou, tomates, mini poivrons. Je veux offrir un repas varié aux petits… Lusajo en profitera pour acheter de nouveaux cahiers avec l’argent de MtotoSchool. Nous sommes chargés, fatigués par la chaleur et nous commençons à avoir faim. Lusajo me propose de prendre un dala dala et d’aller rendre visite à sa soeur qui vit à Morogoro. En Afrique les gens sont très accueillants. On peut arriver à n’importe quelle heure de la journée, ils nous offrent un repas avec un grand sourire… Soupe de haricots, riz et un peu de viande. Je remercie la soeur de Lusajo pour son accueil et nous reprenons un dala-dala pour retourner à la gare routière afin d’y trouver un taxi pour retourner à Sokoine.

Vendredi 17 Février, Nasra semble malade mais elle se lève tout de même pour la traite. Beaucoup de personnes sont malades ici, maux de tête, rhume et toux, les enfants aussi. Le temps se rafraîchit la nuit car la saison des pluies devrait commencer. J’ai eu la bonne idée d’apporter quelques médicaments, paracétamol, sirop pour les enfants et du thym pour tisanes et fumigation… Je donne une banane et un cake à Nelson et Mesiah. Je tiens à ce qu’ils mangent quelque chose le matin… Nelson me suit pour faire un brin de toilette, il apprécie de se débarbouiller avec la douche (pocket shower) que j’ai apporté. Je lui montre comment il doit se brosser les dents. Mesiah quant à lui, attend sagement sur le lit que sa maman vienne le chercher. Il est l’heure d’aller à l’école, Nemburissi part le ventre vide car elle s’est réveillée en retard… Nous arrivons à l’école, les enfants sont collés à moi. Ils aiment que je leur caresse la tête et que je leur fasse des bisous. Je pense que ça ne leur arrive pas tous les jours… Une petite fille, Moita, pleure. Je demande à Lusajo ce qu’il lui arrive, il me dit qu’elle a faim. Ca me fend le coeur de voir ça… Elle n’est pas la seule à venir le ventre vide à l’école. L’école est un moyen pour eux d’avoir au moins un repas dans la journée. Je me sens honteuse de ne pas pouvoir distribuer les bananes et gâteaux que j’ai à la maison mais je ne peux pas satisfaire tout le monde… J’aide tant bien que mal mon filleul et son frère mais impossible d’aider tous les enfants du village… Aujourd’hui activité puzzle, les enfants doivent retrouver la lettre qui correspond à un mot. Ils sont contents de travailler de façon ludique. Le problème est qu’il n’y a pas assez de place dans cette pièce pour travailler correctement. Nous avons 15 enfants parrainés mais Lusajo, qui a un grand coeur, ne peut s’empêcher d’accueillir beaucoup plus d’enfants… Nous nous mettons d’accord sur le fait qu’il est nécessaire de réduire le nombre d’élèves s’il veut leur offrir un enseignement de qualité et profiter du matériel que je leur ai apporté. Nous avons donc organisé une rencontre avec les parents des enfants en leur expliquant qu’il est préférable que les enfants non parrainés restent chez eux en attendant qu’on leur trouve un parrain ou une marraine car le but de MtotoSchool est d’offrir un enseignement de qualité aux enfants. Les parents comprennent très bien notre message et sont contents de voir que nous voulons le meilleur pour leurs enfants. Une fois la classe terminée nous rendons visite aux 10 autres familles, nous sommes fatigués mais contents d’avoir terminé notre travail. Nous croisons un Massaï, Franky, il me fait comprendre qu’il est enrhumé et a mal à la tête. Je lui apporte plus tard du thym et lui explique comment faire une tisane et une fumigation. Je lui donne du paracétamol. 2 jours après il vient me voir pour me remercier car il est guéri. Eh oui, j’ai fait l’infirmière aussi !!

Samedi 18 Février, grand nettoyage de la classe avec Lusajo. Je range correctement tous les accessoires et fournitures que j’ai apporté, stylos, feutres, crayons, ciseaux dans des bouteilles en plastique. Je confectionne des bouteilles sensorielles avec de l’eau, des perles, des paillettes, des plumes… J’ai installé une petite étagère en tissu pour y mettre les activités que j’ai créé. Une belle petite classe ! Maintenant repos, je profite un peu de ma famille Massaï et des enfants. J’ai besoin d’acheter de l’eau fraîche. Je pars donc à pieds avec Nelson, il me montre le chemin car je ne sais pas où se trouve la boutique. Nelson est fier de me guider. Nous marchons depuis 20 minutes et nous arrivons enfin à la boutique. Je prends mes 2 bouteilles d’eau bien fraîches et je demande à Nelson ce qu’il veut boire. Il a envie d’un soda bien frais. Nous nous asseyons pour déguster notre boisson, Nelson est content. Il aime être seul avec moi. Je commence à connaître plusieurs mots en swahili et nous commençons à communiquer plus facilement et ça c’est génial. J’espère que l’an prochain je serai capable de faire des phrases. Nelson a terminé son soda, nous repartons pour la maison. Un Massaï du village qui est en moto nous voit et nous propose de nous ramener. Nous voilà donc sur la moto, le Massaï, Nelson et moi ! Au bout de 5 minutes je me rends compte que Nelson me voit dans le rétroviseur et me fait des grimaces, il est heureux et ça me fait chaud au coeur. Nous arrivons à la maison, Nasra est occupée. Je lui propose de doucher les enfants avec ma pocket shower. Ils sont ravis ! C’est la première fois qu’ils se lavent de cette manière, ça les amuse énormément ! La nuit tombe et nous apprenons que Jérémia, un des membres de la famille a été mis en prison car ses vaches ont mangé le potager d’un fermier… Les membres de la famille doivent se cotiser pour indemniser le fermier. Jérémia sortira de prison le lendemain. Ce problème est courant, les fermiers empiètent de plus en plus sur le terrain pastoral et il est difficile pour les Massaïs de maîtriser le bétail… Le lendemain, même chose, le boy de la famille s’est fait battre par un fermier pour la même raison… J’utilise la crème arnica pour le soulager car sa jambe est enflée à cause des coups de bâtons. Il n’arrête pas de me dire « asante Sandrine » (merci). Dure la vie de Massaï… La sécheresse rend déjà la vie difficile pour que les vaches s’alimentent mais en plus de cela, ce peuple doivent faire attention aux plantations des fermiers… Une petite fille qui habite à côté de chez Nelson vient nous voir, c’est Moinan. Elle porte un bébé sur son dos. C’est une chose très courante, une fois l’école finie, les filles font le ménage, le repas pour la famille et s’occupent des enfants. Ce bébé est handicapé. Il a manqué d’oxygène à la naissance et a un pied sectionné… Quel malheur… Ce soir il fait très chaud, trop chaud. Les femmes ont prié pour que Dieu leur apporte la pluie. L’eau dans la rivière devient rare. Plus d’eau pour boire, pour la douche ou pour laver la vaisselle et linge. Les vaches ont piétiné le peu d’eau qu’il restait dans la rivière. Ça devient grave… Nous sommes allongées à l’ombre d’un arbre sur une mkeka (paillasse), Nelson me dit « maji », il veut de l’eau. Je vais chercher ma bouteille et il boit à n’en plus pouvoir… Je leur cuit des bananes trop mûres avec du sucre, ils se régalent.

Dimanche 19 Février, une belle journée s’annonce pour les élèves ! Nous allons leur préparer un bon repas.

7:30, préparation des légumes pour une cinquantaine d’enfants, riz pilau, pâtes, haricots et choux. Je trie le riz, ce qui prends un certain temps. C’est l’excitation pour les enfants mais aussi pour les gens du village. Ils demandent si eux aussi peuvent profiter du repas. Nous leur disons que s’il reste de la nourriture, ils pourront en manger. Mais d’abord les enfants…

12:30, préparation du repas terminée. Nous servons les enfants. Ils sont contents de manger des pâtes et des légumes. Je suis heureuse mais triste à la fois de voir tous ces enfants impatients de manger. Je réalise à quel point il est urgent de les aider… Je ne vois que des sourires autour de moi. C’est la fête pour eux ! Une fois le repas terminé, les enfants rentrent chez eux et racontent à leurs parents qu’ils ont mangé en grande quantité… Les Massaïs mangent dès que possible. Même si les enfants ont eu un gros repas, ils sont capables de manger à nouveau deux heures plus tard. Ils sont tellement en manque de nourriture qu’ils « stockent » au maximum. Ils sont heureux de voir leur ventre rebondi… Journée terminée, Lusajo et moi nettoyons la vaisselle et les déchets laissés par les enfants. Nous rentrons à la maison, Nasra est malade. Elle a mal de partout et à la poitrine. Elle pense que c’est la malaria… La nuit va tomber, j’aimerai laver les enfants. Lusajo m’aide en gardant le bébé dans ses bras et je vais avec les plus grands chercher de l’eau dans le bassin près de la maison. Les enfants descendent dans le bassin et commencent à prendre de l’eau dans les seaux. Je me rends compte que l’eau est boueuse et ne sent pas bon… Je dis aux enfants d’arrêter, il n’est pas question d’utiliser cette eau ! Je me sens désespérée tout à coup, Nasra malade, pas d’eau pour cuisiner, pas d’eau pour se laver… Mais pourquoi leur vie est si dure ???!!!! Ils ne méritent pas ça, personne ne mérite ça…. J’utilise mes lingettes pour rafraîchir les enfants et me mets à pleurer, c’est trop injuste… Lusajo me prie d’arrêter de pleurer. Il me dit que pour moi ce n’est pas normal mais ici, en Tanzanie, cette situation est normale… Je vais donner du paracétamol à Nasra et lui faire une tisane de thym. Je ne prendrais pas de douche ce soir, pourtant j’en rêvais après cette grosse journée… Je vais me coucher sans manger, pas le moral et fatiguée. Nasra est fiévreuse donc je préfère dormir dehors devant la maison sur une mkeka pour la laisser tranquille et ne pas être malade à mon tour. Elle peut avoir besoin de moi pour s’occuper des enfants.

Je dors donc à la belle étoile. Je n’ai jamais vu un ciel aussi étoilé. J’ai pu voir 3 étoiles filantes en une nuit ! Edward passe à la maison quelques instants pour repartir dans la forêt avec les vaches. Il me demande si je n’ai pas peur de dormir dehors toute seule. Non je n’ai pas peur, je me sens bien… Le tonnerre gronde cette nuit. Je me mets à espérer que la pluie tombe et je me dis qu’il serait bien de faire un puits à Sokoine pour tous les villageois…

Lundi 20 Février, Lusajo et moi allons à Morogoro pour finaliser les achats pour la classe. Avant de partir je prends mon shampoing et mon savon et je profite d’être en ville pour aller dans un guest house et prendre une bonne douche…

Mardi 21 Février, les enfants découvrent le nouvel agencement de la classe et les fournitures rangées dans le meuble. Ils sont heureux. Ils s’amusent avec les bouteilles sensorielles. Les paillettes brillent au soleil, c’est fascinant pour ces enfants ! Aujourd’hui Lusajo leur montre comment se laver les dents.

En quelques minutes un grand vent se lève sur Sokoine, le ciel devient menaçant et nous sentons la pluie arriver. Tout à coup c’est le déluge. Je sors sous la pluie et me frotte les bras et le visage encrassés par ce sable qui colle à la peau ! Quel bonheur ! haha ! Je n’ai jamais été aussi contente de voir la pluie !

Journée terminée, je rentre à la maison. Nasra va mieux. Elle a récupéré l’eau de pluie dans les seaux, ce soir douche ! Les enfants s’endorment tôt ce soir. Je cuisine des pâtes pour Nasra (elle en rêve). La pluie tombe à nouveau. Des Massaïs qui étaient aux alentours entrent dans la maison pour se protéger de la pluie, « hodi » disent-ils (je peux entrer ?), « karibu » répond Nasra (vous êtes les bienvenus). Et nous voilà une dizaine de personnes dans cette petite maison, attendant que la pluie cesse ! Nous partageons notre repas avec eux.

Mercredi 22 Février, nous allons découvrir notre terrain. Nous empruntons un petit chemin pour y aller. Nous passons devant un énorme baobab, lieu où les Massaïs se retrouvent pour leurs meetings. Nous arrivons sur notre terrain, il est gigantesque ! Je ne l’imaginais pas aussi grand. Les enfants sont heureux de découvrir l’endroit de leur future école, ils courent de partout ! Je pleure de joie, ce terrain représente beaucoup de travail, l’énergie que nous avons tous déployé pendant toute une année. Je pense aux membres de MtotoSchool mais aussi aux parrains-marraines, donateurs… Sans vous tous nous n’en serions pas là… Ce terrain attend maintenant son école et nous devons agir le plus rapidement possible. Retour à la maison. Je rejoins Nasra et les autres femmes Massaïs sur une mkeka pour me reposer. Nasra me propose un chai que j’accepte volontiers.

Préparation du chai : gingembre pilé dans de l’eau bouillante. Ajouter un sachet de thé dans cette eau. Une fois infusé, mélanger avec un peu de lait. Un délice !

Les enfants jouent à côté de nous. Une des femmes me montre le bout des doigts de la petite Nemburissi. Ils sont blancs et un peu fripés. Je lui dit qu’elle a sûrement joué un petit moment dans l’eau et voilà le résultat. En fait, ce n’est pas du tout ça…. Nasra m’explique que Nemburissi ne se lave pas les mains lorsqu’elle a fini de manger. Et la nuit, pendant son sommeil… les rats viennent lui grignoter le bout des doigts !… Les rats ???!!! J’ai cru que j’allais tourner de l’oeil ! Nasra me dit « oui tu ne les vois pas la nuit ? ». Non je ne les vois pas et j’espère ne pas les voir ! Je dis à Nasra qu’il faut qu’elle apprenne la propreté à Nemburissi, elle peut attraper des maladies à cause des rats…

Jeudi 23 Février, dernier jour avec mes petits watoto… Les enfants ne veulent pas que je parte et Nelson encore moins… J’ai écrit un petit mot à mon Nelson et je demande à Lusajo de lui traduire en swahili. Je veux lui expliquer que je ne l’abandonne pas, qu’il doit aller à l’école tous les jours pour avoir un bon niveau scolaire et plus tard pouvoir avoir un bon travail, s’acheter à manger, des médicaments, des vêtements et aider sa maman. Nous sommes tristes… Je me souviens d’une conversation avec Nasra qui me disait qu’elle serait d’accord si je voulais prendre Nelson avec moi. Je lui réponds qu’il n’est pas question que je lui prenne son fils ! Elle me dit que Nelson est assez grand et que si ça peut lui apporter une meilleure vie, pourquoi pas ? Je lui réponds que j’aiderai Nelson aussi bien que possible mais jamais je ne l’enlèverai de sa famille, même si j’adore mon filleul… C’est la fin de ma dernière journée à Sokoine, je joue une dernière fois avec les enfants. Je prépare ma valise. Une des valises a une roue cassée. Je décide de la donner à Nelson pour qu’il puisse y ranger ses habits. Nous trions son linge qui est mélangé avec celui de ses parents et le rangeons dans sa nouvelle valise. Il est très content et très fier. J’en profite pour y glisser un paquet de gâteaux et lui fait un clin d’oeil. Grand sourire de mon Nelson. Il pleut à nouveau au grand bonheur de tous. La saison des pluies démarre enfin. La rivière se remplit d’un coup et les enfants et moi sortons pour suivre le cour d’eau. Nous sommes contents de voir à nouveau toute cette eau… Je pars donc de Sokoine rassurée. La vie leur sera peut-être un peu plus douce pendant quelques mois…

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